La Sûreté du Québec (SQ) et la police de Montréal (SPVM) sont toujours à pied d'oeuvre pour tenter d'établir les circonstances de l'attentat perpétré lors du rassemblement du Parti québécois mardi soir à Montréal. Le suspect, Richard Henry Bain, aurait été empêché d'entrer dans le Métropolis.

Un attentat meurtrier assombrit la victoire péquiste

Richard Henry Bain est bien connu à La Conception

Bain, 61 ans, serait propriétaire d'une pourvoirie nommée Activités Rick, à La Conception, dans la région de Mont-Tremblant. Il était pratiquement inconnu des policiers jusqu'à la nuit dernière. Il n'avait été arrêté qu'une fois, pour une affaire d'ivresse sur la voie publique.

Quant à la victime, il s'agit du technicien de scène Denis Blanchette. Il aurait été tué après avoir tenté d'empêcher le tireur de pénétrer dans le Métropolis par l'entrée des artistes, derrière l'immeuble.

Un large périmètre policier est toujours en place autour du Métropolis, où s'étaient rassemblés les militants péquistes mardi soir pour célébrer la victoire de leur parti aux élections. Des dizaines d'agents sont à passer le secteur au peigne fin, et un hélicoptère de la Sûreté du Québec survole les lieux.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Le corps de la victime était encore sur place mercredi matin.

Tard hier soir, le forcené de 61 ans, armé d'un fusil d'assaut semblable à un AK-47 et d'une arme de poing, a tenté de s'introduire à l'intérieur de la salle de spectacle par une porte arrière et a tiré au moins une rafale. L'homme a également mis le feu près des escaliers à l'arrière du bâtiment.

On a d'abord cru qu'il avait réussi à s'introduire à l'intérieur du Métropolis, mais les premiers éléments d'enquête indiquent plutôt qu'il aurait été bloqué à l'extérieur. «Tout nous porte à croire que ça s'est passé à l'arrière et non à l'intérieur comme on croyait au début», a indiqué Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM.

C'est dans la ruelle Boisbriand, derrière la salle de spectacle, qu'il a ouvert le feu, tuant un homme de 48 ans. Un deuxième technicien, âgé de 27 ans, a reçu plusieurs projectiles. Blessé sérieusement, il a pu se réfugier à l'intérieur du Métropolis. Des gardes du corps de la SQ, affectés à la protection de Pauline Marois, l'auraient secouru tout en bloquant l'accès au tireur, leurs armes dégainées. Le blessé a été transporté à l'Hôpital général de Montréal, où il a été opéré pour retirer les projectiles, selon nos sources. Il est dans un état sérieux, mais stable.

Une autre personne a été hospitalisée pour un violent choc nerveux. Selon des témoins, une vingtaine de personnes, techniciens et membres de l'entourage de la chef péquiste, se trouvaient à proximité lors de l'attaque.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Le suspect arrêté sur place avait garé son véhicule dans le stationnement des Habitations Jeanne-Mance, HLM voisin du Métropolis.

Incendie

Une fois repoussé à l'extérieur du Métropolis, le forcené aurait mis le feu avec un liquide inflammable, selon le récit policier.

Richard Henry Bain avait garé son véhicule dans le stationnement des Habitations Jeanne-Mance, HLM voisin du Métropolis. La police a fouillé la voiture de crainte que s'y trouvent d'autres armes. Ce n'était pas le cas. On a en revanche trouvé une scie mécanique et un liquide accélérant.

L'enquête a été confiée à la SQ puisque l'affaire concerne «la sécurité de l'État». Le lieutenant Guy Lapointe n'a pu préciser si Pauline Marois était directement ciblée. Selon nos sources, les enquêteurs sont convaincus que le suspect a agi seul, mais ils n'écartent pas totalement les autres possibilités.

L'interrogatoire du suspect a été interrompu ce matin parce qu'il a dû être hospitalisé pour un léger malaise. Son état est toutefois stable et sa vie n'est pas en danger. Il n'est pas exclu qu'il comparaisse en cour dès aujourd'hui, possiblement par vidéoconférence.

Deux armes ont été saisies, soit une arme de poing et un fusil d'assaut. «Le calibre, si les armes étaient fonctionnelles, le nombre de coups de feu tirés, ce sont des détails que l'on détient, mais qu'on ne partage pas pour le moment», a indiqué Ian Lafrenière. Les policiers ne veulent pas nuire à leur enquête en révélant des détails qui pourraient rendre difficile de distinguer les véritables témoins de ceux qui ont entendu parler de l'histoire dans les médias.

Menaces

La SQ dit avoir rencontré une quinzaine de témoins oculaires. Des policiers examinent aussi les réseaux sociaux pour trouver de possibles traces de menaces. Certains politiciens auraient reçu d'inquiétants messages depuis la fusillade. Selon nos sources, un député péquiste se serait notamment plaint au SPVM de messages textes reçus par téléphone peu après l'attentat.

«Des gens pourraient être tentés de tenir des propos qui pourraient être perçus comme menaçants et on prend ça très au sérieux. Je vais être clair: on va les retracer et on va les accuser», a prévenu le lieutenant Lapointe.

Il dit toutefois ne pouvoir commenter les affirmations d'un homme qui clame sur Facebook avoir alerté les policiers hier après-midi après avoir craint un attentat au rassemblement souverainiste. L'homme dit être tombé sur une des nombreuses pages Facebook haineuses à l'égard de Pauline Marois et avoir alerté les autorités. Il dit même avoir rempli une déclaration, qui n'aurait pas été prise au sérieux par les policiers. Le lieutenant Lapointe dit ne pouvoir infirmer ni confirmer ces affirmations.

La chef du PQ, Pauline Marois, première femme élue première ministre du Québec, n'a pas été blessée durant l'incident. Elle a toutefois été interrompue en plein discours par ses gardes du corps, qui voulaient lui faire quitter la scène.

Des gens touchés par le drame sont venus déposer des gerbes de fleurs à l'entrée du Métropolis mercredi.

-Avec la collaboration de Gabrielle Duchaine

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Un passant a déposé des fleurs à la porte du Métropolis mercredi matin.