Un immeuble industriel de l'est de Montréal qui abrite une compagnie d'asphaltage et le siège social d'une firme de construction appartenant aux frères Arcuri a été la cible d'un incendie criminel, la nuit dernière. Trois bidons d'accélérant ont été découverts sur les lieux.

Les pompiers ont été appelés à 3h10 au 11 101, rue Mirabeau, dans l'arrondissement d'Anjou. Selon le registre des entreprises du Québec, cette adresse abrite le siège social de la firme Construction DAMC, anciennement appelée Construction Mirabeau.

Construction DAMC appartient à trois actionnaires, dont deux sociétés à numéro détenues par les frères Antonino et Domenico Arcuri.

Le nom de Domenico Arcuri revient une vingtaine de fois dans le registre des écoutes électroniques de l'enquête antimafia Colisée, qui s'est terminée en 2006. Selon le livre Mafia Inc., Domenico Arcuri est un acteur important dans la réorganisation de la mafia.

Domenico Arcuri a fait les manchettes à quelques reprises depuis un an. En mai, La Presse a révélé qu'il était l'un des 15 ou 20 participants à une activité de financement du Parti libéral du Québec, le matin du 6 avril 2009, dont l'invitée-vedette était Line Beauchamp.

En septembre, lorsque Construction Mirabeau a obtenu un important contrat pour la réfection d'un égout dans Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, la mairesse, Chantal Rouleau, avait publiquement exprimé son impuissance à empêcher des entreprises proches de la mafia d'obtenir des contrats publics.

L'immeuble incendié abrite également les bureaux de la société Pavage CSF. L'un de ses administrateurs est Domenico Miceli, qui est également administrateur de Construction DAMC, selon le Registre des entreprises du Québec.

Feu dans un bureau

Lorsque les pompiers sont arrivés, le feu faisait rage dans un bureau, au rez-de-chaussée. Au nombre d'une quarantaine, ils ont rapidement maîtrisé le brasier. Personne ne se trouvait à l'intérieur du bâtiment en acier de deux étages.

L'enquête a été confiée à la section des incendies criminels de la police de Montréal.

Sur le trottoir, vendredi matin, quelques dirigeants et employés de Pavage CSF constataient l'ampleur des dégâts. La façade nord-ouest du bâtiment, grandement endommagée, contrastait avec la plate-bande colorée.

L'un des propriétaires faisait les cent pas, cellulaire en main. Il s'est d'abord présenté à La Presse comme employé d'une usine de saucisses avant d'admettre que l'entreprise lui appartenait. Il n'a pas voulu se nommer ni répondre à nos questions.

Un employé qui attendait les camionneurs devant l'entrée pour les aviser de la situation a dit ignorer qui pourrait avoir mis le feu.