Les vacances à Paris d'une famille de Longueuil ont été entachées par une violente agression homophobe. Mercredi après-midi, Marie-Ève, Claire et leurs deux filles âgées de 6 et 7 ans circulaient à bord de leur voiture dans la capitale française lorsqu'un autre couple les a prises à partie.

La famille québécoise était prise dans un embouteillage. À un moment, une autre voiture a brûlé un feu rouge pour venir lui couper le passage. Marie-Ève, qui était au volant, a donné un coup de klaxon, ce qui a fait réagir la conductrice et son passager, tous deux français.

«Ils ont commencé à nous insulter en nous disant des "va chier", "grosses connes". Ils ont vu qu'on était canadiennes, qu'on était un couple de filles et ont dit que j'étais un gars et qu'on m'avait arraché les couilles», raconte Marie-Ève, qui a changé de sexe en 2008.

La violence verbale s'est rapidement transformée en agression physique. Après s'être fait cracher au visage, Marie-Ève est sortie de son véhicule. «Le gars ne m'a jamais adressé la parole. Il s'est reculé. Il a mis ses deux mains sur le bord de sa fenêtre puis il m'a balancé son pied à la gueule de l'intérieur de sa voiture. Je suis tombée par terre et il est sorti de sa voiture et m'a donné cinq ou six autres coups», raconte-t-elle.

Sa conjointe, Claire, est venue lui porter secours pendant que leurs deux filles regardaient l'attaque par les fenêtres de la voiture. Elle s'est ensuite fait tirer les cheveux, griffer et mordre par la conductrice française. Elle a aussi reçu une dizaine de coups.

Marie-Ève raconte qu'une centaine de personnes ont assisté à la scène sans intervenir. C'est finalement lorsque les deux femmes ont crié «appelez les flics!» que les agresseurs ont pris la fuite.

À l'arrivée des secours, les deux femmes avaient des ecchymoses, des lacérations, des éraflures et des maux de cou. À l'hôpital, Marie-Ève a dû insister pour que ses deux fillettes puissent rester à ses côtés. «Si je n'avais pas insisté pour qu'elles soient avec moi, les filles seraient restées seules dans la salle d'attente de l'hôpital. Ils ont pris les enfants en disant qu'ils n'avaient pas le droit d'aller où on était emmenées. Mais elles n'avaient pas de bracelet d'hôpital, pas de suivi psychologique. Elles pleuraient sans arrêt et elles étaient traumatisées. Elles le sont encore aujourd'hui», raconte-t-elle.

«Xénophobe, homophobe et transphobe»

En France, l'histoire de Marie-Ève et Claire s'est retrouvée dans plusieurs médias et a été qualifiée d'acte xénophobe, homophobe et transphobe. Des politiciens de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) ont dénoncé l'agression sur Twitter, et la présidente de Trans-Europe a écrit au ministre de l'Intérieur en affirmant que les forces de l'ordre n'avaient rien fait pour retrouver les agresseurs.

Le couple de Québécoises a porté plainte à la police et a fourni le numéro de plaque de la voiture des assaillants. Hier soir, ils n'avaient toujours par été retrouvés.

Bien que son voyage ait été gâché, la famille se console avec la centaine de messages d'appuis qu'elle a reçus. Et demain, elle sera de retour dans le confort de sa maison, à Longueuil.