«Charogne», «pourri», «voleur»... C'est avec ces mots et des huées que le maire de Mascouche, Richard Marcotte, a été accueilli à son premier conseil municipal depuis son arrestation dans la nuit du 19 au 20 avril.

Une centaine de citoyens qui ne pouvaient pas entrer dans la salle du conseil, remplie à craquer, attendaient l'arrivée de leur maire, lundi soir.

Celui-ci a fait son apparition à peine trois minutes avant l'ouverture de la séance. Il a marmonné des «bonjours» pendant qu'il se faisait huer.

Une fois assis dans la chaise du maire, il a été incapable de faire entendre sa voix, malgré son microphone. Les Mascouchois ont continué à demander sa démission en criant et en tapant du pied. «Dehors Marcotte», ont-ils scandé en choeur. Après environ cinq minutes de vacarme, la mairesse suppléante Lise Gagnon a demandé à Richard Marcotte de quitter la salle pour que le conseil puisse se tenir.

Lorsqu'il est sorti, escorté par une dizaine de policiers, les journalistes lui ont demandé s'il allait démissionner. «Pas du tout», a-t-il répondu. Il a également affirmé qu'il tiendrait une conférence de presse et qu'il se sentait «responsable de ses fonctions».

Comme il a présidé l'ouverture du conseil municipal, le maire Marcotte pourra donc attendre encore 90 jours avant de se présenter à un autre conseil municipal, comme le stipule la loi provinciale sur les cités et villes.

Devant l'hôtel de ville, Stéphane Handfield, chef de l'opposition, a une fois de plus demandé la démission du maire. «On ne veut pas de M. Marcotte à l'hôtel de ville, mais d'un autre côté, on ne veut pas qu'il reste chez lui à ne rien faire. La seule décision qu'il doit prendre, c'est de démissionner. Maintenant, le compteur est remis à zéro et il va pouvoir s'absenter de deux ou trois autres séances, toucher son salaire, et ainsi de suite», a déclaré le chef de Vision Mascouche.

M. Handfield demande au ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, de destituer Richard Marcotte. «On l'a vu: les citoyens ne veulent pas de M. Marcotte. Ils ne veulent pas qu'il siège. La seule chose que le ministre doit faire, c'est d'intervenir à Mascouche, et d'intervenir rapidement. Il doit prendre les mesures qui s'imposent. Il est le ministre des Affaires municipales. Il est là pour les municipalités. Il est là pour les citoyens, et ce qu'ils lui demandent ce soir, c'est assez évident, c'est qu'il intervienne à Mascouche. M. Marcotte n'a plus la légitimité pour siéger au conseil.»

Il y avait presque autant de monde à l'extérieur de l'hôtel de ville qu'à l'intérieur de la salle du conseil municipal. Plusieurs citoyens étaient d'ailleurs frustrés de ne pas pouvoir assister à la séance. «On venait voir le maire et on voulait demander sa démission. On paye assez cher de taxes qu'on devrait avoir le droit d'y assister», a dit Adrienne Morin.

Diane Deroy, une autre citoyenne de la municipalité de la couronne nord de Montréal, ne mâchait pas ses mots. «Je suis venue juste pour voir sa face de crosseur. Je n'ai jamais voté pour lui et je ne connais pas personne non plus qui a voté pour lui. Je ne comprends pas pourquoi il est élu. Ça doit être une autre manigance», a-t-elle affirmé.

Richard Marcotte a été arrêté le 20 avril par l'escouade Marteau, le bras armé de l'Unité permanente anticorruption. Il fait face à des accusations de fraude, d'actes de corruption dans les affaires municipales et d'abus de confiance.