La police d'Ottawa est toujours à la recherche d'une adolescente de 17 ans soupçonnée de trafic de jeunes filles à des fins de prostitution.

Les enquêteurs au dossier en profitent pour rappeler que le caractère consternant de cette affaire devrait servir d'avertissement sur les dangers que peuvent représenter les médias sociaux.

Les deux adolescentes de 15 ans, incarcérées depuis leur arrestation le week-end dernier, ont été accusées d'avoir leurré des jeunes filles sur des sites de réseaux sociaux, pour ensuite les livrer à des hommes à des fins de prostitution.

L'une des accusées a comparu mardi, tandis que l'audience de la seconde doit avoir lieu ce mercredi.

La troisième adolescente est activement recherchée par les policiers.

Le sergent John McGetrick a invité les victimes de cette affaire à porter plainte auprès des policiers.

«Si quiconque a passé par une expérience semblable, s'il-vous-plaît, contactez-nous», a-t-il mentionné en point de presse, mardi.

Selon les autorités, les jeunes accusées sont soupçonnées d'avoir leurré, à trois occasions distinctes, trois adolescentes âgées entre 13 et 17 ans dans une résidence sous de faux prétextes. De là, les présumées victimes étaient transportées vers un autre endroit à des fins de prostitution.

M. McGetrick a affirmé que les victimes et les suspects avaient établi des liens en ligne, mais qu'elles avaient pu se connaître «vaguement» auparavant.

Le sergent a voulu inciter les parents à porter une grande attention à ce que font leurs enfants sur Facebook, Twitter et d'autres sites populaires de réseautage.

«Vérifiez avec qui vos enfants échangent en ligne», a-t-il avisé.

«S'ils vont rencontrer quelqu'un que vous ne connaissez pas, demandez-leur: »Comment l'as-tu rencontré? L'as-tu rencontré sur Internet? Qu'est-ce qu'il a dit?», a dit le sergent.

«En tant que père, j'accéderais aux comptes de mes enfants et je les consulterais. S'ils n'aiment pas ça, c'est bien malheureux», a-t-il ajouté.

En plus des accusations de traite de personnes à des fins d'exploitation sexuelle, les deux jeunes de 15 ans font face à des accusations de proxénétisme, d'agression sexuelle, de vol, de voies de fait, d'enlèvement et d'avoir proféré des menaces. L'une d'entre elles est aussi accusée d'avoir administré un produit nocif.

L'identité des accusées et de leurs victimes est protégée en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.

Plusieurs détails ne peuvent être dévoilés pour ne pas nuire à l'enquête.

Le sergent McGetrick a néanmoins souligné qu'une affaire de ce genre était pratiquement du jamais vu dans l'histoire canadienne.

«Nos employés sont appelés à travailler tous les jours sur des enquêtes troublantes, mais celle-là est choquante. L'âge si jeune des victimes et des accusées, c'est terrible», a-t-il lancé.

La police d'Ottawa a contacté la Gendarmerie royale du Canada dans cette affaire, a aussi mentionné le sergent McGetrick.

«Ils ont mené une recherche rapide dans leur base de données sur le trafic humain, et n'ont rien trouvé qui puisse se rapprocher d'un événement de ce genre.»

Rien n'indique a priori que les jeunes accusées étaient liées à un réseau de proxénètes ou une organisation criminelle bien structurée.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a affirmé qu'il reviendrait aux avocats de la Couronne de déterminer s'il y aura requête pour traduire les suspects en fonction de peines pour adultes.

«Je ne prendrai pas cette décision, a dit le ministre. Ce que nous avons fait est de renforcer la loi en termes de trafic humain.»