Gabriel Nadeau-Dubois a plaidé non coupable ce matin à une accusation d'outrage au tribunal. Son procès en Cour supérieure se déroulera les 27 et 28 septembre.

En interview à RDI, le mois dernier, le porte-parole de la CLASSE aurait appelé au non-respect d'une injonction obtenue par le demandeur, Jean-François Morasse, étudiant en arts visuels à l'Université Laval. S'il est reconnu coupable, la poursuite entend demander une peine de prison de «quelques mois». La peine maximale est d'un an.

M. Morasse a assuré qu'il ne cherchait pas la vengeance: «Ce n'est pas une attaque personnelle. Il a enfreint mon injonction. Trois juges m'ont donné raison à tour de rôle. C'est la moindre des choses de la faire respecter.»

Une peine de prison serait «méritée», selon lui. «Mais ce n'est pas de mon ressort», reconnaît-il. Il soutient qu'il a porté plainte pour faire respecter le droit, et non par militantisme politique. L'association étudiante de M. Morasse est membre de la CLASSE.

«Qu'un étudiant en veuille à son porte-parole au point de vouloir le mettre en prison, c'est regrettable, a pour sa part déclaré M. Nadeau-Dubois. Les assemblées générales sont là pour faire le débat entre les étudiants et les étudiantes.»

L'avocat de la défense, Me Giuseppe Sciortino, a soutenu que M. Morasse n'a «pas suivi le mot d'ordre» de son association, qui avait voté pour la grève.

Il n'y a pas de droit de grève, a rétorqué Me Roy Martel, avocat de M. Morasse. Il s'agit d'un «terme emprunté», selon le précédent jugement sur son client. Le seul droit qui existerait selon lui, c'est le droit de boycotter les cours.

Cette cause risque-t-elle de faire du porte-parole de la CLASSE un martyr aux yeux des militants? «Ce n'est pas à moi de déterminer cela, répond Me Roy Martel. Parfois, il faut se montrer ferme. Ce n'est pas parce qu'on est jeune et éloquent qu'on peut avoir l'impunité ou une peine clémente. Quand on fait des gestes, il faut les assumer.»

«Comme citoyen, il faut s'inquiéter quand des gens disent: il y a une décision judiciaire mais elle ne va pas dans le sens de ma cause, alors je ne la respecte pas. C'est le début de l'anarchie», a-t-il poursuivi.

Outre l'interview à RDI, le demandeur produira en preuve un discours «virulent» dans lequel M. Nadeau-Dubois s'attaque à Laurent Proulx, premier étudiant à avoir obtenu une injonction. Le porte-parole de la CLASSE le traite de «petit con» qui a «perdu son débat en assemblée générale» et qui a «des parents assez riches pour se payer un avocat» (extrait à écouter ici).

La défense devrait faire entendre trois ou quatre témoins.

Le juge Jacques a rappelé que l'outrage au tribunal constitue une «accusation grave» et qu'il y a donc «une certaine urgence» à ce que la cause soit entendue.