L'informateur de la police derrière l'opération Gravier à Mascouche, Claude Lachapelle, est actuellement protégé par la Sûreté du Québec (SQ). L'importance de sa contribution et de son témoignage, pierre d'assise des procès à venir, lui confère le statut de «collaborateur judiciaire» et lui assure la protection de la police, a appris La Presse hier.

M. Lachapelle s'est d'ailleurs retiré loin des yeux du public, afin d'éviter des représailles après avoir divulgué à la police les informations qui ont mené à l'arrestation de 15 personnes dans le cadre de l'opération Gravier. M. Lachapelle était l'homme de confiance du maire de Mascouche, Richard Marcotte, lui aussi arrêté.

En point de presse hier, le patron de la SQ, Richard Deschesnes, a refusé d'indiquer que l'informateur bénéficiait de la protection de la police.

L'opération de mardi a eu des conséquences inattendues. Les lignes téléphoniques pour permettre aux citoyens de révéler des irrégularités se sont remises à sonner, a dit le responsable de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, en marge de la commission. «Cela délie les langues, cela incite les citoyens, dont on a tellement besoin, à nous signaler des choses, ça a eu un impact majeur pour nous et on est satisfaits du nombre d'appels reçus depuis cette opération», a-t-il indiqué hier. Son escouade a finalement obtenu l'entière coopération du ministère de la Famille, qui refusait de fournir deux documents névralgiques pour enquêter sur l'attribution des places en garderie subventionnées par le gouvernement. «[Cette question] est un dossier qu'on travaille, on l'analyse depuis plusieurs mois, le travail se poursuit, a-t-il dit. On avait déjà plusieurs documents en notre possession, on a eu les derniers mercredi.»

D'autres opérations à venir

M. Lafrenière a par ailleurs mentionné que plusieurs dossiersétaient actuellement l'objet d'une enquête. Après le feu vert donné pour l'opération Gravier, quatre autres dossiers d'enquête sont désormais sur le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), qui a la responsabilité de décider si des accusations doivent être portées, a précisé M. Lafrenière. En tout, l'UPAC a actuellement 17 dossiers d'enquête «en marche»; l'investigation est terminée dans 5 cas. L'un deux a débouché mardi sur une quinzaine d'arrestations, quatre restent sous la loupe du DPCP, mais des rumeurs persistantes laissent croire qu'au moins une autre intervention se tiendra sous peu. Malgré les pressions du député péquiste de Chambly, Bertrand S-Arnaud, M. Lafrenière n'a pas voulu préciser combien de ces dossiers avaient trait à l'univers municipal, ni même si des politiciens provinciaux risquaient d'être interpellés.

M. Lafrenière doit faire un nouveau rapport sur l'avancement de ses travaux, en juin. Interpellé sur ses relations avec la commission Charbonneau, il a rappelé que l'un de ses employés devait expressément maintenir un lien constant avec la commission d'enquête. Celle-ci, par son mandat, ne doit pas entraver les enquêtes policières, a-t-il rappelé.

L'UPAC accorde une attention toute particulière à Hydro-Québec, probablement le plus important «donneur d'ouvrage» dans la construction, a-t-il expliqué. Une «vigie Plan Nord» a été mise en place, en concertation avec le ministère de l'Énergie, pour que les contrats de 14 organismes susceptibles de lancer des appels d'offres dans ce secteur passent automatiquement sous le radar des spécialistes de l'UPAC.