Des agents de la Sûreté du Québec procèdent à une perquisition au domicile d'un journaliste du Journal de Montréal, à Sainte-Julie.

Il y a un mois, Éric Yvan Lemay avait signé un reportage portant sur l'accessibilité aux dossiers médicaux de patients entre les murs d'hôpitaux. Images à l'appui, le journaliste affirmait avoir eu facilement accès à des dizaines de documents confidentiels portant sur la santé de patients. L'article citait plusieurs extraits de dossiers médicaux.

L'hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe, qui a reçu la visite du reporter, a porté plainte aux autorités pour vol de documents confidentiels. Il s'agirait du seul hôpital à avoir déposé une plainte formelle.

Le porte-parole du centre hospitalier, Claude Dallaire, confirme que la direction du centre avait porté plainte, conjointement avec un médecin travaillant à l'hôpital et «qui se sentait concerné». En entrevue téléphonique avec La Presse, il a laissé entendre que le médecin avait vu les dossiers médicaux de certains de ses patients être passés au crible par Éric Yvan Lemay.

M. Dallaire reproche aussi au journaliste d'avoir diffusé «du contenu clinique» dans son quotidien.

Les caméras de surveillance de l'établissement auraient capté des images de M. Lemay passant d'une pièce à une autre, documents en mains. Claude Dallaire a refusé de commenter cette information, mais a confirmé du même souffle la présence de caméras de surveillance dans l'établissement.

Le porte-parole assure qu'il ne s'agit pas d'un règlement de compte suite à un article défavorable.

«Si des accusations devaient être portées et que des éléments de preuve avaient été récupérés, c'est sûr que dans le cadre du procès, ce sera rendu public», a expliqué Guy Lapointe, porte-parole de la SQ.

Environ quatre policiers procèdent à la perquisition.

Dany Doucet, rédacteur en chef du Journal de Montréal assure que le quotidien appuie toujours son journaliste et demeure convaincu de la pertinence d'une telle enquête.

«On n'arrête pas les journalistes chez eux à 7h devant leurs enfants comme si c'étaient des Hells Angels qui pourraient jeter de la cocaïne dans les toilettes», a-t-il fait valoir.

Selon lui, il s'agit d'une conséquence de l'exaspération de certains administrateurs face à la vigueur du journalisme d'enquête au Québec.

M. Doucet plaide aussi que tous les journaux publient parfois des informations confidentielles en protégeant le nom des individus concernés.

Même son de cloche du côté de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). L'association dénonce une «perquisition abusive» qui constituerait «une atteinte sérieuse à la liberté de presse».

Selon la fédération, les autorités se trompent de cible.

«C'est la direction de ces établissements qui doit être mise sur la sellette pour répondre du manque de sécurité des dossiers médicaux, pas le journaliste qui le révèle», a-t-elle fait valoir par le biais d'un communiqué.