Les cinq jeunes grévistes arrêtés lundi soir non loin de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) sont victimes d'intimidation de la part de la police, selon leur avocat, Me Denis Poitras.

Une quarantaine de jeunes qui ont assisté à la comparution en soutien aux accusés, hier au palais de justice de Montréal, vont plus loin. La police se livre à du «profilage politique», dénoncent-ils.

«Les policiers y sont allés fort. J'y vois de l'intimidation à la suite des événements de la semaine dernière [étudiant blessé à un oeil durant une manifestation] et un avertissement pour décourager les gens de participer à la manifestation contre la brutalité policière [aujourd'hui]», a expliqué Me Poitras à La Presse.

Âgés de 24 à 27 ans, Elsa Côté-Lambert, Marianita Hamel, Yan Bilodeau, Nicolas Lépine et Ivan Bricka sont accusés d'entrave au travail des policiers et d'intimidation à l'encontre d'une personne associée au système judiciaire. Les deux jeunes femmes sont aussi inculpées de voies de fait commises à l'endroit d'un policier.

Les étudiants se trouvaient dans un local loué par les grévistes de l'UQAM, situé sur le boulevard De Maisonneuve, non loin de l'université, lundi. Il était passé minuit lorsque certains sont sortis pour fumer une cigarette. L'un d'eux avait une bière à la main. «Les policiers surveillaient le local depuis des heures. Ils se sont servis de la bière consommée sur la voie publique comme prétexte d'intervention. Un certain brouhaha s'en est suivi», raconte Me Poitras.

Les accusations criminelles sont «nettement exagérées», affirme l'avocat. L'accusation d'intimidation à l'encontre d'une personne associée au système judiciaire - créée pour lutter contre les Hells Angels - est rarement utilisée, selon lui.

Ce n'est pas l'avis du procureur de la Couronne, Me Jérôme Gagné. «On n'est pas dans un contexte de manifestation étudiante qui se déroulait en plein jour. On parle d'un événement qui a eu lieu la nuit lors duquel les policiers se sont sentis menacés au point d'utiliser du gaz poivre et des bâtons télescopiques», précise la poursuite.

Si deux policiers sont intervenus au départ parce que l'un des jeunes consommait une bière sur la voie publique, la situation a vite dégénéré, dit la poursuite. «Des individus ont encerclé la policière et l'ont bousculée, alors que son confrère était en train d'interpeller un autre individu», résume le procureur.

Le juge Denis Lavergne a imposé plusieurs conditions de liberté provisoire aux accusés. Ils devront respecter un couvre-feu de 22h à 7h. Ils n'ont plus le droit de se trouver au centre-ville sauf pour se rendre à l'UQAM dans le cadre de leurs études. Il leur est aussi interdit de consommer de l'alcool et de la drogue. Ils doivent retourner en cour le 24 avril.