Un enquêteur de la Sûreté du Québec (SQ) affecté à l'enquête sur le meurtre de Diane Grégoire fait l'objet d'une enquête interne, pendant laquelle il a été relevé de ses fonctions, parce qu'il aurait fourni des informations sur Paul Laplante à une journaliste.

La Presse a appris que, tout récemment, le lieutenant-détective à la division des crimes contre la personne de la SQ Pierre Laflamme a été «relevé administrativement de ses fonctions».

Lien avec les enfants

«Il est relevé de ses fonctions administrativement, avec salaire, pour la durée d'une enquête interne de nature disciplinaire et non criminelle, en vertu du règlement sur la discipline et la déontologie des membres de la Sûreté du Québec», a laconiquement confirmé le lieutenant Guy Lapointe, porte-parole de la police provinciale, qui a refusé de nommer le policier.

Selon nos sources, Pierre Laflamme avait pour rôle de faire le lien avec les enfants de Diane Grégoire et Paul Laplante. C'est lui qui a conduit Élizabeth et Francis après la comparution de leur père, accusé du meurtre prémédité de leur mère, le 14 décembre dernier au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.

En cours d'enquête, la direction de la police aurait remarqué qu'une journaliste du réseau TVA mettait la main sur des informations de premier plan que la police aurait préféré garder secrètes. À commencer par la nouvelle de l'arrestation de Paul Laplante, tôt le matin du 13 décembre. Les médias ont ainsi pu annoncer que Laplante avait été arrêté, le photographier et le filmer, menotté, à son arrivée au quartier général de la SQ, rue Parthenais à Montréal. La SQ voulait plutôt nommer le suspect arrêté seulement 24 heures plus tard, après sa comparution, comme le veut la procédure habituelle.

On se serait aussi interrogé sur la façon dont TVA aurait mis la main sur des informations au sujet du contenu des lettres laissées par Paul Laplante au moment de son suicide à la prison de Rivière-des-Prairies, le 9 janvier.

L'enquête interne aurait déterminé que le lieutenant-détective Laflamme est à l'origine de ces «fuites».

La SQ refuse de dire qu'il y a une «chasse aux sorcières» parmi les sources des journalistes dans ses rangs.

Mais le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Brian Myles, n'en croit rien et prend la défense du lieutenant-détective Laflamme.

«Cette histoire confirme les craintes que nous avons à la FPJQ. Sous prétexte de maintenir la discipline, la SQ cherche à museler quiconque parle aux journalistes. En cherchant la fuite, on a puni l'auteur, neutralisé la capacité du journaliste de faire son travail, et on a identifié sa source. La source est brûlée», déplore-t-il.

Selon M Myles, en se transformant en «police des médias», la SQ «mine le droit du public à l'information».

«Depuis que le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a lancé la chasse aux sources [à la suite de l'affaire Ian Davidson], les journalistes d'enquête nous disent que c'est plus difficile de travailler, que les gens parlent peu ou pas», déplore-t-il.