Une cagoule trouvée peu après le meurtre de Serge Hervieux, en 1999, de même qu'un sac de sport et un gant découverts après celui de François Gagnon, en 2000, portaient l'ADN de Louis Cartier.

C'est ce qui ressort du discours d'ouverture que le procureur de la Couronne Éric Poudrier a adressé, hier après-midi, au jury chargé de juger Louis Cartier. L'homme de 45 ans est accusé des meurtres prémédités des deux hommes, abattus dans le cadre de la guerre des motards qui a sévi de 1994 à 2002.

Dans le cas de Serge Hervieux, il a été tué par erreur. Cet honnête père de famille travaillait pour Location Pelletier, commerce de location de voitures appartenant à Serge Bruneau, retraité du groupe de motards Dark Circles. Vers 9h30 le matin du 26 août 1999, deux hommes ont pénétré dans le commerce en passant par l'arrière et ont fait feu sur Serge Hervieux.

Tout porte à croire que c'est Serge Bruneau qui était la cible, a indiqué Me Poudrier, hier, car un peu plus tard ce jour-là, une photo montrant M. Bruneau visé par une flèche a été trouvée dans le véhicule qui aurait servi à la fuite des meurtriers. Dans cette voiture, il y avait deux cagoules. L'une contenait l'ADN d'Éric Fournier, membre des Rockers et l'autre, le profil génétique de Louis Cartier.

La seconde victime, François Gagnon, sympathisant des Rock Machine, a été criblée de balles dans son domicile de Montréal-Nord, le soir du 6 juin 2000. Plusieurs individus auraient fait feu à travers sa porte-fenêtre. Un véhicule volé qui aurait servi à la fuite des tueurs, une Dodge Caravan, a été trouvé peu après. À l'intérieur, il y avait deux revolvers, un bidon rempli d'essence, deux paires de baskets et un sac de sport. L'ADN d'Éric Fournier a été trouvé dans une paire de chaussures, tandis que celui de M. Cartier a été découvert sur le sac. Un gant, découvert dans une poubelle non loin des lieux du crime, portait aussi l'ADN de M. Cartier.

Me Poudrier et son collègue, Richard Audet, appelleront plusieurs témoins dans le but de prouver leur théorie, au cours de ce procès qui pourrait durer deux mois. Exceptionnellement et en vertu des nouvelles dispositions de la Cour supérieure pour les procès de longue durée, 14 jurés ont été choisis pour entendre la cause, au lieu de 12. C'est une simple précaution, visant à assurer qu'il y ait suffisamment de jurés à la fin du procès, au cas où certains tomberaient malades. Le juge Jean-François Buffoni a toutefois indiqué, hier, que seuls 12 d'entre eux auront à délibérer à la fin du procès. Si les 14 jurés sont toujours là, 2 seront éliminés par tirage au sort.

Cette nouvelle disposition a nécessité quelques ajustements, hier, puisque la section des jurés ne compte que 12 places habituellement. Les témoins commenceront à défiler ce matin devant le jury composé de neuf hommes et cinq femmes. L'accusé est défendu par Me Alexandre Bergevin.