Après avoir fourni l'adresse d'un agresseur sexuel récidiviste pour recouvrer la liberté en attente de son procès pour possession, distribution et production de matériel pornographique juvénile, Kimberly Byron Moskalewski veut maintenant vivre à la Maison du Père. L'homme de 52 ans a comparu en Cour supérieure, mercredi, pour tenter de casser le jugement de première instance qui a conclu que sa mise en liberté minerait la confiance du public dans l'administration de la justice.

C'était la deuxième fois que Moskalewski se présentait devant le juge de la Cour supérieure Claude Champagne. Sa première présence, à la mi-janvier, avait causé une grande commotion lorsque la procureure aux poursuites criminelles et pénales Me Carolyne Paquin avait révélé que l'adresse qu'il avait fournie à la Cour était en fait celle d'un homme de 72 ans qui purge actuellement une peine de 18 mois de prison pour agression sexuelle. Les deux hommes se sont rencontrés au centre de détention. Normalement, un accusé qui souhaite être mis en liberté avant son procès doit fournir une adresse recommandable où il s'engage à demeurer pour la durée du processus et où il ne risque pas de briser ses conditions.

Arrêté le 8 août dernier, Kimberly Byron Moskalewski est le conjoint d'une propriétaire de garderie en milieu familial de Pierrefonds. Dans une autre affaire qui est toujours devant les tribunaux, il est soupçonné d'avoir incité l'une des enfants de la garderie à lui faire des attouchements sexuels.

À ce stade du processus judiciaire, des interdits de publication empêchent les médias de révéler les faits exacts dans ces deux causes.

Mercredi, l'avocat de la défense, Me Robert Bellefeuille, a indiqué que des démarches avaient été entreprises pour que Moskalewski réside à la Maison du Père, un refuge pour sans-abri.

À la demande de la Couronne, une enquêteuse au module de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants de la police de Montréal, Brigitte Guérard, a souligné qu'il y avait une salle d'ordinateurs au refuge et qu'il n'y avait pas de registre ou de mots de passe pour les utiliser. Par ailleurs, les résidants ne font l'objet d'aucun contrôle sur leurs allées et venues et ils ne peuvent pas rester à l'intérieur de l'établissement durant la journée. Me Paquin a donc soutenu qu'il n'y avait pas de garanties que l'accusé ne fréquente pas de cafés internet durant la journée ou même les ordinateurs de la Maison du Père.

L'enquêteuse Guérard a par ailleurs indiqué que Moskalewski a été averti dès son arrivée au centre de détention qu'il était incarcéré dans une aile réservée aux prisonniers détenus relativement à des crimes de nature sexuelle. Il aurait donc dû savoir que l'homme qui lui offrait de vivre à l'intérieur de son logement avait été reconnu coupable de crimes sexuels.

Le juge rendra sa décision vendredi midi.