Farshad Mohammadi, 34 ans. Le sans-abri abattu vendredi par des policiers du Service de police de la Ville de Montréal est sorti ce matin de l'anonymat. Comme il n'avait sur lui aucun papier, ce sont ses empreintes digitales qui ont permis aux enquêteurs de la Sûreté du Québec d'établir son identité.

D'origine iranienne, Farshad Mohammadi n'a pas de famille connue. Dans les registres de la Maison du Père, un refuge pour itinérants qu'il a fréquenté jusqu'au Premier de l'an, les cases réservées aux personnes à contacter en cas d'urgence sont vierges. Samedi après-midi, les enquêteurs de la Sûreté du Québec n'étaient toujours pas parvenus à retracer quelconque membre de sa famille.

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Farshad Mohammadi était connu des services qui viennent en aide aux itinérants depuis 2008. Il vivait de prestations d'aide sociale. Outre la Maison du Père, il a fréquenté l'Accueil Bonneau, la Mission Bon Accueil et la Mission Old Brewery. Mais, depuis 2008, il n'avait plus le droit de se présenter à la Mission Old Brewery, en raison d'un «incident». «Il s'est montré agressif», s'est contentée de dire Jessica Falardeau, chef d'équipe à la Mission Old Brewery. Elle n'a pas voulu en dire plus sur la nature de l'incident.

Peu de gens le connaissaient bien. Ceux qui l'ont aperçu à quelques reprises dans les refuges le décrivent comme un homme réservé et solitaire. Il ne parlait pas français et s'exprimait peu en anglais.

«Nous offrons des services autres que le refuge, a noté la directrice générale de la Maison du Père, France Desjardins. Mais il ne s'en était jamais prévalu. Ce n'était pas quelqu'un qui recherchait de l'aide. Il n'était pas très ouvert.» Il est possible qu'il ait été aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale. «C'est difficile à établir, souligne Mme Desjardins. Nous ne sommes pas médecins.»

Son statut de citoyenneté est toujours inconnu. «S'agit-il d'un réfugié politique ou d'un citoyen canadien? On ne sait pas», a indiqué la porte-parole de la Sûreté du Québec, Martine Asselin. Sa date d'entrée au Canada est aussi inconnue. Mais, selon un intervenant rencontré à la Maison du Père, il était au Canada depuis peu lorsqu'il a frappé à la porte de l'organisme en 2008.

L'enquête se poursuit

Les enquêteurs de la SQ, à qui a été confiée l'enquête en vertu de la politique ministérielle, tentent toujours d'éclaircir les circonstances de l'événement survenu hier après-midi à l'intérieur du métro Bonaventure à Montréal. Plusieurs témoins ont dit avoir vu deux policiers du SPVM interpeller Farshad Mohammadi peu avant 14h. Selon eux, ce dernier tenait un discours décousu. Malgré l'arme d'un policier pointée vers lui, il a continué sa fuite après avoir blessé un policier au cou avec une arme blanche. Les agents l'ont pris en chasse avant de tirer trois coups de feu. Farshad Mohammadi a reçu au moins un projectile au haut du corps. Il a rapidement été transporté à l'hôpital, où son décès a été constaté.

«L'homme semblait avoir un couteau dans sa main et il l'a inséré dans sa poche sans s'arrêter de fuir, nous a écrit dans un courriel un témoin de l'événement. Les policiers criaient plus fort et je ne comprenais pas ce qu'ils disaient, mais ça semblait être: ''Get down, get down''».

Les deux policiers du SPVM ont été hospitalisés, l'un pour une blessure à l'arme blanche et l'autre pour choc nerveux. Ils ont reçu tous deux leur congé de l'hôpital samedi matin. Ils devaient être rencontrés aujourd'hui par les enquêteurs de la Sûreté du Québec. En fin d'après-midi, le porte-parole de la SQ, Richard Gagné, n'était pas en mesure de dire si cette rencontre avait eu lieu ou non. Les enquêteurs ont par ailleurs interrogé beaucoup de témoins qui étaient sur les lieux de l'événement.

La station de métro Bonaventure, fermée depuis hier après-midi, a été rouverte ce matin.