Dix-neuf ans plus tard, le tueur et ex-professeur de génie mécanique Valery Fabrikant perd la poursuite civile qu'il a intentée contre cinq collègues de l'université Concordia.

Fabrikant avait intenté cette poursuite, qui visait au départ seulement deux professeurs, au printemps 1992, soit quelques mois avant d'aller abattre quatre autres collègues à l'intérieur même de l'université. Dans son esprit, on profitait de lui et on ne le considérait pas à sa juste valeur. C'était aussi le sens de sa poursuite civile, puisqu'il reprochait aux professeurs de l'avoir obligé à mettre leur nom sur des écrits scientifiques auxquels ils n'avaient pas ou peu contribué. En 1998, alors qu'il était emprisonné, il a amendé sa poursuite pour y ajouter le nom de trois autres professeurs.

Le juge de la Cour supérieure François Rolland, qui a présidé ce procès civil pendant 14 jours au début de cette année, arrive à de toutes autres conclusions. Les professeurs visés, M.N.S. Swami, T.S. Shankar, S. Shankar, G.D. Xistris, et S.V. Hoa, n'ont jamais incité Fabrikant à apposer leurs noms sur les écrits. Fabrikant a mis leurs noms, soit parce qu'ils avaient contribué, ou parce que lui-même voulait se faire publier plus facilement. De toute façon, le juge conclut que la poursuite était prescrite depuis longtemps, puisque les fautes alléguées s'étaient produites au milieu des années 80. Il avait trois ans pour poursuivre.

Sur la glace

Cette poursuite civile est restée sur la glace pendant des années, vu les tragiques événements, et le fait que Fabrikant avait d'autres sujets de récriminations. Il a d'ailleurs été déclaré plaideur quérulent. Cette poursuite est passée au travers les mailles du filet, puisqu'elle avait été intentée avant.

En 2007, un premier juge a commencé à entendre la cause, mais a abandonné au bout de quelques jours, excédé par l'attitude de Fabrikant. La juge Nicole Morneau avait repris l'affaire. En novembre 2007, elle avait mis fin au procès abruptement, estimant qu'il s'agissait d'un abus du processus judiciaire. Mais Fabrikant a eu gain de cause en appel, du moins en partie.

La Cour d'appel a ordonné que le procès reprenne où il était rendu, devant un autre juge. Cette fois, c'est le juge en chef de la Cour supérieure, François Rolland, qui a décidé de s'occuper de Fabrikant.

Le juge Rolland a tenu sa résolution de l'année et a mené le procès jusqu'à sa conclusion. Le juge a dit espérer que les cinq professeurs puissent enfin tourner la page et vivre en paix.