Les trois jeunes hommes que la GRC a arrêtés cette semaine voulaient fabriquer des bombes pour commettre un ou plusieurs attentats à Ottawa.

Ils comptaient également fournir de l'argent à un groupe terroriste impliqué dans le conflit en Afghanistan, vraisemblablement les talibans, pour l'achat d'armes qui auraient pu être utilisées contre les forces de la coalition et les soldats canadiens.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a dévoilé hier certains détails relativement à l'enquête qu'elle a menée pendant près d'un an pour déjouer ce complot.

Les trois accusés sont Hiva Mohammad Alizadeh, 30 ans, et Misbahuddin Ahmed, 26 ans, tous les deux d'Ottawa, ainsi que Khurram Syed Sher, 28 ans, de London. Selon la GRC, ils font partie d'un groupe terroriste actif au Canada. Ils ont été accusés d'avoir comploté pour commettre un attentat terroriste.

Selon l'enquête, Alizadeh est le leader du groupe. Il est membre d'une organisation terroriste liée au conflit en Afghanistan. Il se serait d'ailleurs rendu à l'étranger pour apprendre à fabriquer des engins électriques et explosifs.

Selon la GRC, les trois suspects auraient comploté avec au moins trois autres individus vivant à l'étranger, soit James Lara, Rizgar Alizadeh et Zakaria Mamosta entre le 1er février 2008 et le 24 août 2010. La GRC ne pouvait dire hier dans quel pays se trouvent ces trois complices ou s'ils sont citoyens canadiens, mais le complot terroriste aurait des ramifications jusqu'en Iran, au Pakistan et à Dubaï.

Alizadeh et Ahmed ont brièvement comparu hier au palais de justice d'Ottawa. Ils comparaîtront de nouveau le 1er septembre par vidéoconférence. La GRC n'exclut pas que d'autres individus soient arrêtés dans les prochains jours.

«Ce groupe a posé une menace réelle et grave pour les citoyens de la région de la capitale nationale et pour la sécurité nationale du Canada. Notre enquête criminelle et les arrestations ont empêché l'assemblage de bombes et l'exécution d'un ou de plusieurs attentats terroristes», a affirmé hier le surintendant principal de la GRC, Serge Therriault.

La Presse a révélé hier que les présumés terroristes avaient l'intention de faire exploser des bombes au parlement canadien. Le surintendant Therriault a refusé de préciser quelles étaient leurs cibles; cela sera divulgué aux procès.

La GRC a saisi plus de 50 cartes de circuits imprimés conçues pour faire détoner à distance des engins explosifs. «On a aussi saisi une vaste quantité de documentation terroriste et de manuels démontrant que les suspects avaient l'intention de fabriquer un engin explosif à des fins terroristes», selon M. Therriault.

Outre l'accusation d'avoir comploté pour commettre un attentat terroriste, Hiva Mohammad Alizadeh est accusé d'avoir «fabriqué ou eu en sa possession une substance explosive avec l'intention de mettre la vie en danger ou de causer des dommages graves à des biens ou de permettre à une autre personne d'agir ainsi». Il doit aussi répondre à l'accusation d'avoir illégalement «réuni des biens ou fourni ou invité une autre personne à le faire ou rendu disponibles des biens ou des services financiers en sachant qu'ils seront utilisés par un groupe terroriste». Ces accusations ont été portées en vertu de la Loi antiterroriste.

Selon le surintendant Therriault, «l'imminence d'une attaque» en sol canadien demeurait «incertaine». Mais les policiers ont décidé de procéder maintenant aux arrestations après avoir recueilli assez de preuves pour porter des accusations.

Collaboration

Présent à la conférence de presse, le directeur adjoint du SCRS, Raymond Boisvert, s'est félicité de la collaboration des divers organismes de sécurité pour faire échec à ce complot.

La Sûreté du Québec, la police d'Ottawa, l'Agence des services frontaliers et le Service canadien du renseignement de sécurité ont participé à l'enquête, baptisée projet Samosa.

«Il y a au Canada des personnes qui, sous l'inspiration de groupes terroristes internationaux, ont adopté une idéologie qui préconise une violence monstrueuse pour atteindre leurs objectifs. Les récentes condamnations au criminel pour terrorisme au Canada ont rappelé que des activités terroristes sont effectivement menées sur notre territoire. Cette affaire nous rappelle la gravité de cette menace qui peut avoir de tragiques conséquences si elle n'est pas contenue», a dit M. Boisvert.

En tournée dans le Grand Nord canadien, le premier ministre Stephen Harper a soutenu que les arrestations des dernières heures démontrent que «le Canada fait face à des menaces réelles» venant de groupes terroristes. Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a pour sa part affirmé: «On n'est pas à l'abri du terrorisme. On pense souvent que c'est quelque chose qui se fait à l'étranger. Le Canada n'est pas à l'abri et d'ailleurs Al-Qaïda a déjà ciblé le Canada. Alors, on a l'obligation, comme gouvernement, que toutes les mesures soient prises pour protéger les Canadiens.»

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, Oussama ben Laden, a appelé ses partisans à attaquer des intérêts canadiens pour forcer le retrait des soldats canadiens en Afghanistan.