La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac a déposé une plainte, jeudi, contre certains fabricants de cigarettes qui ont récemment ajouté des éléments publicitaires aux paquets de cigarettes ou à leur emballage.

Un spécialiste du marketing et de la publicité s'interroge toutefois sur la nécessité de déployer de tels efforts, puisque l'offensive publicitaire est à toutes fins pratiques sans valeur du point de vue du marketing.

Certains cigarettiers ont en effet imprimé des messages sur l'emballage en cellophane de leurs paquets, alors que d'autres ont apposé des autocollants sur le paquet. Le consommateur est invité à enlever ces autocollants pour lire la suite du message à l'endos.

Dans certains cas, les messages évoquent le prestige de la marque alors que d'autres rappellent des événements historiques liés au développement de l'industrie du tabac.

La porte-parole de la Coalition, Flory Doucas, estime que ces messages visent à rassurer les fumeurs et à leur faire sentir qu'ils font partie d'une tradition qui est en évolution comme la société.

La Coalition reproche au gouvernement d'être constamment en réaction face aux fabricants, alors qu'il pourrait clairement fixer les limites dès le départ.

En entrevue jeudi, le professeur de marketing et de commerce de détail à l'Ecole des Hautes études commerciales de l'Université de Montréal, François Desrosiers, a toutefois noté que la publicité, d'une part, s'adresse aux personnes qui fument déjà, puisqu'il faut acheter un paquet pour la voir. D'autre part, il estime que les messages sont complètement inefficaces, les notions de prestige ou d'histoire n'ayant aucun attrait auprès des jeunes ou de toute nouvelle clientèle.

En contrepartie, M. Desrosiers se demande si les entreprises cherchent à provoquer volontairement le lobby antitabac afin de négocier éventuellement autre chose en échange de l'abandon de cette publicité sans impact réel.

A la rigueur, il estime que la tactique des autocollants pourrait avoir un effet incitatif auprès d'éventuels collectionneurs mais, même encore là, il demeure sceptique sur le résultat final et, même s'il doute de cet attrait, il est convaincu qu'il s'exercerait sur une clientèle plus âgée.