«Aucun parent ne devrait avoir à enterrer son enfant. Mais avoir à faire incinérer les morceaux de son enfant est une horreur inimaginable... La douleur dans mon coeur ne partira jamais. C'est l'un des pires crimes dans l'histoire de Montréal...»

C'est dans ces termes, en sanglotant, que Maxine Lyall, mère de Shane Jimrattie, s'est exprimée, hier, alors que les plaidoiries sur la peine à imposer aux meurtriers de son fils se tenaient, devant le juge André Vincent.

Michel Côté, 46 ans, et Nadège Merceus, 31 ans, ont tous les deux été déclarés coupables par un jury, samedi dernier, du meurtre non prémédité du jeune homme de 21 ans, et d'outrage à son cadavre. Ils écopent automatiquement de la prison à perpétuité, mais il revient au juge de fixer la durée d'emprisonnement obligatoire avant que les accusés deviennent admissibles à une libération conditionnelle. Le minimum possible est de 10 ans. La procureure de la Couronne Hélène Di Salvo estime que dans le cas présent, cette période doit être de 14 ans.

«Ce sont des gestes extrêmement graves, d'une violence inexpliquée et inexplicable... Shane Jimrattie a été attaqué sournoisement, le meurtre a été extrêmement violent, odieux. Ils ont vécu avec le corps pendant deux jours (pour le dépecer), ils ont nettoyé... Il n'y a rien d'atténuant», a fait valoir Me Di Salvo.

Les avocats des accusés ont pour leur part recommandé au juge de fixer la période d'emprisonnement minimum à 12 ans. Nadège Merceus n'avait aucun antécédent judiciaire et Michel Côté, un boucher de métier, n'avait qu'une voie de fait simple et une conduite avec facultés affaiblies remontant à 1995. «La drogue a joué beaucoup là-dedans», a fait valoir Me François Bérichon, avocat de Merceus. Il a aussi parlé de l'enfance de sa cliente qui, dès l'âge de 8 ans, devait suivre sa mère dans les «crack houses».

Me Bérichon, de même que Me Christian Gauthier, avocat de Côté, ont tous deux fait savoir qu'ils allaient porter le verdict en appel. «Il n'y a pas de preuve que ce sont les deux accusés qui ont commis le meurtre», a indiqué Me Bérichon.

Le juge rendra sa décision le 22 mai.

Rappelons que le jeune homme a été tué d'une quarantaine de coups de marteau à la tête et au cou, la nuit du 16 avril 2007, dans le petit logement que Côté et Merceus occupaient dans l'immeuble situé au 1820, boulevard Rosemont. Jimrattie était venu livrer de la cocaïne à la demande de Nadège Merceus.

Selon la théorie de la Couronne, il a été attaqué dès son entrée dans l'appartement, peut-être par l'arrière, car il n'avait aucune plaie de défense.

Son cadavre a ensuite été coupé en quatre morceaux (jambes, bassin et torse), dans le salon. Le couple s'est manifestement fait surprendre alors qu'il s'apprêtait à se débarrasser du cadavre.

Quand les policiers sont arrivés dans la ruelle derrière l'immeuble de Côté, le moteur du véhicule de Côté était en marche, et les sacs contenant les parties de corps s'y trouvaient déjà.

Hier, Me Di Salvo a reproché aux accusés de ne pas avoir exprimé de remords et de regrets à la famille de la victime. Ce qui a fait bondir les avocats. «On ne peut pas exprimer du remords et interjeter appel», ont-ils dit.