Le musulman salafiste montréalais Al-Hayiti, dont l'ouvrage L'Islam ou l'intégrisme? lui a valu une plainte à la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP), considère que les propos de son livre ont été pris «en dehors de leur contexte».

«Je ne dis que ce qui est écrit dans le Coran, dans la Sounnah et qui est en accord avec ce que le consensus de tous les savants de l'Islam de toutes les époques disent au sujet de l'Islam», a réagi Abou Hammaad Sulaiman Dameus Al-Hayiti, tard avant-hier, par courriel.

 

La CCDP a rejeté la plainte déposée contre lui, mais l'affaire fait grand bruit depuis deux jours. Celui qui a porté plainte est Marc Lebuis, l'éditeur de Point de bascule, le site web d'un groupe de sensibilisation sur les dangers de l'islamisme.

Dans son livre disponible sur l'internet, l'ancien imam Al-Hayiti (il s'est fait montrer la porte d'une mosquée en avril dernier) parle des femmes dont l'«impudeur» a comme conséquence «les viols, le sida et les familles monoparentales». Les juifs «répandent la corruption et le désordre sur la terre», écrit-il. Quant aux homosexuels et aux lesbiennes: «qu'Allah les maudisse et les anéantisse».

Dans sa réponse envoyée par courriel, l'homme affirme que les propos de son livre sont une interprétation de sa religion, l'islam orthodoxe. «Quand je parle des homosexuels, je dis ce que l'islam et la Shari'ah enseignent au sujet de ceux qui pratiquent la sodomie. Les livres (falsifiés et abrogés) des juifs et des chrétiens disent même chose à ce sujet», justifie-t-il.

L'ex-imam souligne que sa mère et sa grand-mère sont des «Québécoises pure laine». «Je dis que certaines femmes agissent comme des prostituées en ayant des rapports sexuels en dehors du mariage à cause de leur mécréance», tient-il à préciser.

En conclusion, il affirme que: «La Shari'ah d'Allah est supérieure à toutes les chartes et toutes les lois, parce qu'elle est parfaite puisqu'elle vient de Dieu.»

»Une opinion marginale»

Salah Basalamah, membre de l'organisation Présence musulmane, trouve dommage que les paroles de l'imam «éclabousse» la communauté musulmane. C'est «une opinion marginale et absolument non représentative d'un leader autoproclamé», souligne ce professeur de l'École de traduction et d'interprétation de l'Université d'Ottawa.

«Ses propos ne reflètent absolument pas la compréhension majoritaire de nos références scripturaires musulmanes ni la façon d'exprimer notre sentiment d'appartenance à cette société», indique-t-il.

M. Basalamah estime que Point de bascule a un parti pris contre l'islam. «C'est une organisation qui associe habituellement l'islam à ce genre d'absence de pensée et de civisme», déplore-t-il.

Hier, l'un des membres de Point de bascule a écrit dans un éditorial: «Les membres de la CCDP, des anti-Occidentaux doctrinaires, témoignent en effet d'une faillite morale absolue.»

Il affirme plus loin: «les problèmes sociaux et politiques causés par l'islam, une tradition religieuse qui secrète naturellement et organiquement ce qu'on appelle l'islamisme, ne se régleront pas à travers la multiplication de comités de censure même impartiaux.»

L'éditeur, Marc Lebuis, affirme ne pas vouloir salir la communauté musulmane. «Il y a des musulmans avec nous qui ont des propos encore plus sévères, dit-il.

On ne rapporte que des faits.»