Marilyn Béliveau, une jeune douanière qui a été déclarée coupable de corruption, de complot pour importation de drogue et de gangstérisme, échappe à la prison ferme.

Estimant qu'elle avait eu sa leçon et qu'elle continuera à payer le prix de ses actes, la juge Sylvie Durand lui a donc donné une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité, jeudi, au palais de justice de Montréal. Après sa peine, elle sera sous le coup d'une probation pendant trois ans.

Au terme de l'audience, Mme Béliveau a éclaté en sanglots et s'est jetée dans les bras de sa mère. Il s'agissait manifestement de larmes de joie. Au moment des faits, Mme Béliveau avait 25 ans et travaillait comme douanière à l'Agence des services frontaliers, à Montréal. Selon la preuve, elle s'est servie de sa position privilégiée pour donner des conseils aux criminels afin qu'ils puissent importer de l'éphédrine sans se faire prendre. Elle devait aussi les avertir si leur marchandise faisait l'objet d'une surveillance particulière. Elle a été arrêtée en 2006, en même temps que 90 personnes, dans le cadre de l'opération Colisée, qui visait le crime organisé.

Les têtes dirigeantes du complot d'importation, Ray Kahno et Giuseppe Torre, qui travaillaient pour le compte du clan Rizzuto, ont écopé de 14 ans de prison après avoir plaidé coupable à des accusations similaires.

Jeune âge

Pour rendre sa décision, la juge Durand a tenu compte du jeune âge de Mme Béliveau au moment des crimes, du fait qu'elle a été utilisée par des gens sans scrupule et qu'elle a toujours eu une bonne conduite depuis. Même si elle a perdu son emploi de douanière, elle a toujours travaillé par la suite et a une vie stable. Par ailleurs, la juge estime que les risques de récidive sont pour ainsi dire inexistants. La réhabilitation est bien amorcée.

Jeudi, un coaccusé se tenait aux côtés de Mme Béliveau : Samir Salame, qui a été déclaré coupable des mêmes crimes et qui est encore plus jeune que Mme Béliveau. Lui aussi se comporte bien depuis son arrestation, il y a plus de six ans. La juge lui a donné un sursis également.

Le procureur de la Couronne, Yvan Poulin, demandait une peine de cinq ans de prison pour les deux accusés. «On favorisait l'exemplarité et la dissuasion», a-t-il fait valoir. Selon Me Poulin, Mme Béliveau «a donné les clés de la frontière à la mafia italienne». Le procureur ne pouvait dire s'il interjetterait appel. «C'est un jugement très volumineux. Nous allons l'évaluer et prendre une décision dans les prochains jours.»

Me Charles Montpetit, qui représentait Mme Béliveau, estime pour sa part que la décision est tout à fait justifiée. «Elle le mérite, c'est une décision impeccable.»