«Mon vrai nom, ce n'est pas Amber, c'est Sandy. Je suis américaine, vérifiez avec l'Immigration. Je vais vous raconter ma vraie histoire. Je n'en peux plus, je veux rentrer chez moi.»

C'est ce que Sandy a raconté en mars 2011, après avoir été arrêtée pour un vol à l'étalage qui avait mal tourné. Après six mois de prostitution et d'extrême violence, la femme de 25 ans venait de trouver la manière et les mots pour se libérer de la prison dans laquelle Evgueni Mataev l'avait enfermée en faisant d'elle sa «gangsta bitch».

C'est ce qui ressort du témoignage que Sandy (nom fictif) a rendu hier au procès de Mataev, 39 ans, et de ses quatre coaccusés: Danial Youssefi, 33 ans, Harold Benoît, 35 ans, Benjamin Oswald Hernandez, 35 ans, et Vasilos Mastoropoulos, 35 ans. À des degrés différents, les cinq hommes sont jugés pour des accusations liées à la traite de personne, au proxénétisme, à la séquestration et à des agressions sexuelles. Mataev est en outre accusé de tentative de meurtre sur un homme et d'agression sexuelle sur une autre femme. Les faits se seraient produits sur une période de six mois, entre le 1er septembre 2010 et le 13 mars 2011.

Glauque

Principal témoin à charge, Sandy a commencé à témoigner mercredi contre ses agresseurs allégués. Les souvenirs glauques se bousculent dans la tête de la jeune femme, qui parle extrêmement vite, avec un fort accent du sud des États-Unis, et en sautant du coq à l'âne. Son récit est une suite ininterrompue de relations sexuelles brutales et sur commande, de raclées, de consommation et de soumission à Evgueni Mataev, surnommé Genia. «Genia devait savoir tout ce que je faisais. Si un gars voulait un extra, je devais l'appeler pour le lui demander», a expliqué Sandy. Tout l'argent qu'elle faisait était remis à Genia.

Quand Mataev a été arrêté pour tentative de meurtre, au début de 2011, Sandy a été avisée qu'elle devrait travailler plus fort pour le faire sortir de prison. Mataev avait chargé Vasilios Mastoropoulos de surveiller Sandy pendant son incarcération.

Outre la prostitution, Sandy faisait des vols à l'étalage avec des hommes de la bande. Le matériel était aussitôt revendu et servait souvent à acheter du crack.

C'est en commettant un de ces vols dans une pharmacie que Sandy a été arrêtée, en mars 2011, et a déballé son sac. Le procès présidé par le juge Marc David se poursuivra lundi avec le contre-interrogatoire de Sandy. Rappelons que l'exercice se poursuit avec 11 jurés seulement. Le cinquième juré a été renvoyé cette semaine parce qu'il ne comprenait pas assez bien l'anglais.