Près d'une semaine après sa disparition dans le parc de la Gaspésie, Bertrand Marcotte, 36 ans de Pont-Rouge, a été retrouvé sans vie samedi vers midi. Son corps enseveli sous la neige se trouvait dans le secteur des Mines Madeleine, à environ 1 km du refuge où il devait aller rejoindre ses compagnons de ski.

Ce sont deux randonneurs à ski qui ont fait la macabre découverte, après avoir aperçu une tache orange recouverte partiellement de neige. Sachant qu'un skieur était disparu depuis près de six jours, ils se sont approchés pour creuser dans la neige et ont alors réalisé qu'il s'agissait d'un corps humain.

«Ils ont vite fait le lien avec la disparition de M. Marcotte, raconte l'agent d'information de la Sûreté du Québec (SQ), Claude Doiron. Un garde-parc passait justement par là. Les randonneurs lui ont fait des grands signes de bras. L'employé du parc est débarqué de sa motoneige pour se rendre vers l'endroit en raquettes puisqu'il n'était pas accessible autrement qu'en ski ou en raquettes. Le garde-parc est reparti avec sa motoneige pour aller aviser le poste de commandement de la SQ qui était demeuré sur place pour le week-end, pour procéder à de la cueillette d'information.»

Pourtant, les secouristes avaient visité à plusieurs reprises le secteur où la dépouille a été retrouvée. «C'est hypothétique, mais entre le moment où M. Marcotte est parti en ski et le moment où les recherches ont débuté, il était tombé 1,2 m de neige. Peut-être que les grands vents, combinés à un adoucissement de la température, a fait en sorte que le corps s'est dégagé un peu», suppose le sergent Doiron.

Les policiers ont érigé un périmètre autour de l'endroit où le corps de la victime a été retrouvé. Un membre de la famille, qui se trouvait sur les lieux, a procédé à l'identification de Bertrand Marcotte, avant son transport vers l'hôpital de Sainte-Anne-des-Monts. Pour l'instant, les causes et les circonstances entourant son décès restent à déterminer. Le corps a été envoyé au laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale pour autopsie.

Le géologue de 36 ans s'était rendu dimanche dernier avec cinq de ses amis dans le secteur du Gîte du Mont-Albert. Habitué à ce type d'expédition, l'homme a décidé de faire cavalier seul pour une randonnée en ski qui devait le conduire dans un refuge situé dans le secteur des Mines Madeleine. Ses amis s'étaient inquiétés en voyant qu'il n'avait toujours pas donné signe de vie en soirée.

La Sûreté du Québec n'avait été avisée de sa disparition que tard lundi soir, à cause de l'épais blizzard qui soufflait alors sur le parc de la Gaspésie, la fermeture de la route 299 et l'absence de communication cellulaire dans le secteur. Les recherches entreprises mardi ont également été compliquées par les fortes précipitations de neige, augmentant du même coup le risque d'avalanches.

La SQ avait installé un poste de commandement sur les lieux, une équipe de policiers sillonnait le secteur en motoneige et un hélicoptère y avait également été dépêché. Mais les recherches avaient été abandonnées vendredi en raison des importantes chutes de neige.

Selon Stéphane Gagnon, le propriétaire de Ski Chic-Chocs, qui offre des formations en montagne et du ski guidé dans le secteur des Mines Madeleine, Bertrand Marcotte «a pris le mauvais embranchement au mauvais moment» alors que la tempête se levait. M. Gagnon s'explique mal le fait que l'habitué du plein air ait choisi de s'aventurer dans une route secondaire au «milieu hostile». «Il a peut-être pensé que c'était le chemin à prendre pour retourner au refuge», suggère-t-il.

«C'est un peu bête comme accident. On se pose encore la question : "Comment ça se fait? " Mais il faut comprendre que pour quelqu'un qui ne vient pas de la région, ça peut être naturel de prendre une route secondaire», évalue Stéphane Gagnon, en se désolant de n'avoir pu retrouver M. Marcotte dans les premiers jours de sa disparition.

Le chef-guide rappelle qu'«il y a beaucoup de gens qui sous-estiment le potentiel des tempêtes» dans des sites comme le parc de la Gaspésie, où les vents atteignent souvent 150 km/h.