La famille et les amis de Rehtaeh Parsons, une adolescente de la Nouvelle-Écosse dont le suicide a ramené l'attention sur l'intimidation, ont été invités lors de ses funérailles, samedi, à célébrer sa vie, mais également à utiliser son histoire pour attirer l'attention sur des problèmes plus importants de la société.

Mme Parsons a attiré l'attention à l'échelle internationale depuis que sa famille a lié son suicide à de l'intimidation découlant d'une présumée agression sexuelle commise par quatre adolescents lors d'une fête, en 2011.

Plus de 100 personnes ont rempli les bancs de l'Église anglicane St. Mark, dans le nord de Halifax, pour dire adieu à la jeune femme de 17 ans qui s'est pendue et a été débranchée dimanche dernier des machines la maintenant en vie.

Dans son oraison funèbre, le prêtre John Morrell a noté que les médias sociaux avaient contribué à la dépression et à la mort de l'adolescente, mais a précisé qu'ils avaient également permis à sa famille de partager son histoire avec la planète entière.

Le prêtre a demandé à son auditoire comment notre société peut-elle offrir un lieu sûr aux jeunes filles. D'autres questions sont également sorties de sa bouche: pourquoi les jeunes hommes croient-ils que les jeunes femmes ne sont que des objets pour accomplir leurs fantasmes sexuels et pour retirer du plaisir? Pourquoi les adolescents ne vont-ils pas chercher de l'aide lorsqu'ils sont déprimés et suicidaires?

Le son des cloches de l'église a résonné à travers les rues achalandées, au-delà du bruit d'une cornemuse, tandis qu'un groupe bigarré de personnes - des adolescents aux politiciens - entraient dans l'église.

Selon la cousine de la victime, Angella Parsons, certains des plus proches amis de la jeune femme ont tenu une vigile devant la maison familiale, vendredi. La nuit précédente, environ 300 personnes se sont réunies dans un parc du centre-ville de Halifax pour lui rendre hommage.

Les funérailles ont lieu une journée après que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) eut annoncé qu'elle rouvrait son enquête sur la présumée agression sexuelle survenue en 2011.

Des enquêteurs disent avoir reçu de nouvelles informations crédibles de la part d'une source qui désire travailler avec la police.

Lundi, la famille de la victime a rendu public le suicide, affirmant qu'il découlait de mois d'intimidation liés à la présumée agression sexuelle subie par Rehtaeh Parsons alors qu'elle avait 15 ans. Des photos de l'agression auraient ensuite circulé sur Internet.

Mais le Service des poursuites pénales et la GRC avaient conclu, en novembre 2012, que rien ne permettait de déposer des accusations contre les présumés agresseurs.

«Dans ce cas-ci, les enquêteurs ont consulté les procureurs de la Couronne, ont présenté les preuves qui avaient été amassées durant l'enquête, et à la suite de la rencontre, il a été décidé que des accusations ne seraient pas portées», a expliqué Pierre Bourdages, porte-parole de la police de Halifax.

D'après la famille Parsons, la GRC a mis 10 mois avant de rencontrer les agresseurs présumés, une allégation que la police fédérale n'a pas voulu confirmer ou infirmer.

Le premier ministre néo-écossais Darrell Dexter dit être venu aux funérailles en tant que père et a souligné l'importance des appuis offerts à la famille de la victime.

«Je suis content de constater qu'ils n'ont pas pris l'affaire entre leurs propres mains, et qu'ils ont plutôt laissé la justice agir. La violence n'est pas la solution», a-t-il déclaré.

Plus tôt cette semaine, il avait dit espérer des modifications au Code criminel pour lutter contre la cyberintimidation.

Les télécommunications sont de compétence fédérale, et Ottawa est responsable du Code criminel; le gouvernement du Canada pourrait jouer un rôle de premier plan dans la mise en place d'une réforme, a plaidé M. Dexter.