Richard Henry Bain, accusé à la suite de l'attentat mortel du Métropolis, soutient que, selon le rapport d'évaluation réalisé à son sujet par l'Institut Philippe-Pinel, il est «apte à 75 %» à subir son procès.

Les conclusions de ce rapport n'ont pas été dévoilées ce matin, car le document de cinq pages est écrit en français, et M. Bain exige qu'il soit en anglais, sa langue maternelle. Il a invoqué la Loi 101.

Le juge Jean-Paul Braun a signalé que c'était le droit absolu de M. Bain d'être servi dans sa langue maternelle, et il a reporté l'audience à la semaine prochaine afin que le document lui soit remis en anglais. M. Bain est toutefois au courant du contenu du rapport, car son avocate, Elfride Duclervil, lui en fait part ce matin.

Comme c'est son habitude, l'homme de 62 ans s'est encore une fois donné en spectacle dans la salle d'audience. Tiré à quatre épingles dans un complet noir et une chemise blanche, il intervenait à tout bout de champ pour faire des commentaires et des revendications.

Parlant de son aptitude à 75%, il s'est scandalisé du fait qu'une province puisse se séparer du Canada avec «50% des votes plus un». Il s'est aussi insurgé contre le fait que l'aide juridique ne veuille pas lui fournir d'avocat au motif qu'il a les moyens d'en payer un.

Son avocate, employée de l'aide juridique, n'a pu se retirer du dossier ce matin comme elle l'aurait souhaité, car le juge ne le lui a pas permis. Elle voudrait que sa situation soit clarifiée parce qu'elle n'a plus le mandat de son employeur pour représenter l'accusé.

M. Bain, lui, se dit sans le sou. «Ils savent que je suis cassé», a-t-il lancé avec vigueur. Plus tard, il a dit qu'il avait besoin de quelqu'un pour lui faire un site web visant à amasser des fonds pour assurer sa défense et «combattre ce gouvernement».

Il s'est aussi plaint du fait que les autorités de l'établissement de Rivière-des-Prairies voulaient le changer de secteur pour le mettre avec les autres détenus. Il se trouve très bien où il est actuellement, il a sa cellule à lui. Il craint qu'on s'en prenne à lui s'il est envoyé dans le secteur «général». C'est déjà arrivé, dit-il.

Rappelons que M. Bain fait face à 16 chefs d'accusation, notamment de meurtre prémédité et de tentatives de meurtre, à la suite de l'attentat mortel survenu au Métropolis le soir de la victoire du Parti québécois, le 4 septembre dernier. Arrêté sur place, M. Bain était vêtu d'une robe de chambre et d'une cagoule. Il a notamment crié : «Les Anglais se réveillent!»

Depuis son incarcération, M. Bain a communiqué avec des médias  pour donner des entrevues : CJAD cet automne, et avec Claude Poirier récemment. La séparation du Québec et la langue reviennent constamment dans son discours, qui est aussi parsemé de formules religieuses. «Que Dieu vous bénisse», a-t-il répété en quelques occasions aujourd'hui.

C'est l'attitude de M. Bain qui a incité son avocate, en décembre, à demander qu'on l'évalue afin de savoir s'il est apte à être jugé. Les conclusions du rapport devaient être divulguées à la Cour le 17 décembre dernier, mais on a alors appris que l'évaluation n'avait pu être menée. M. Bain avait refusé de coopérer avec la psychiatre de l'Institut Philippe-Pinel parce qu'elle s'était adressée à lui en français.

Une personne est jugée apte à subir son procès si elle peut communiquer avec son avocat et comprendre la nature et la portée des accusations portées contre elle.

M. Bain retournera devant le tribunal le 18 janvier.