Au moment où Raynald Desjardins cherche à recouvrer sa liberté, le caïd tente également d'empêcher la révocation de son passeport, saisi par la police à la suite de son arrestation pour le meurtre de l'aspirant parrain Salvatore Montagna et dont il a grandement besoin pour son travail, qui l'amène à voyager à travers le monde.

Desjardins s'est adressé à la Cour fédérale l'automne dernier pour faire annuler une décision prise à l'été 2012 par le ministère canadien des Affaires étrangères de lui révoquer son passeport en vertu de l'alinéa 9 (b) du Décret sur les passeports canadiens, qui stipule notamment que le Canada peut refuser d'en délivrer un à une personne accusée au criminel ou le révoquer pour toute raison qui le justifierait.

Dans un affidavit qui accompagne sa requête, Desjardins fait valoir qu'il a besoin de voyager pour son travail et que son passeport «revêt une importance capitale» pour lui.

«J'ai plaidé non coupable à ces accusations mal fondées et j'ai bon espoir d'être acquitté. Dès que je serai libéré, je reprendrai mes activités professionnelles, qui impliqueront des voyages fréquents.

Rien ne garantit que l'on accordera à nouveau mon passeport ni que la demande sera traitée rapidement. Dans les circonstances, la révocation de mon passeport m'est hautement préjudiciable», écrit-il.

Des contrats internationaux

Lors d'une entrevue avec un procureur de Passeport Canada, Desjardins a dit être vice-président à l'international de la Société internationale carboneutre (SICN), une entreprise de l'Est de Montréal spécialisée dans la décontamination des sols, des boues et des eaux souterraines.

Il a raconté que sa compagnie récupère principalement les produits pétroliers, jusqu'à 45%, et les métaux lourds.

Desjardins voyage de deux à quatre fois par année. Au moment de son arrestation, le 20 décembre 2011, il revenait d'un voyage en Chine, où sa compagnie a un projet, et s'apprêtait à partir pour le Mexique et le Venezuela. Il a également dit avoir travaillé en Colombie, avec la compagnie gouvernementale Eco-pétrole, et que son entreprise a aussi des projets en Europe, notamment en France et en Allemagne.

Dans son affidavit, il explique également que sa compagnie Desj et co. importe des matériaux servant à la construction de bâtiments industriels, commerciaux et résidentiels (cuisine, portes d'acier coupe-feu, tapis synthétique, gazon, fenêtres).

Pas très optimiste

C'est la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui détient actuellement son passeport.

Desjardins reproche à Passeport Canada d'avoir pris la décision de révoquer son passeport sans respecter un délai qui lui aurait permis de s'opposer à cette décision.

Parallèlement à ses démarches en Cour fédérale, Desjardins a demandé à la Cour supérieure de lui accorder sa liberté en attendant la suite des procédures entamées contre lui.

Le juge Marc David pourrait rendre sa décision vendredi prochain. «Dans l'état actuel des choses, dû à mes antécédents judiciaires, ça serait probablement difficile que j'aie un cautionnement, mais c'est la cour qui va décider», a-t-il dit durant son entrevue avec l'avocat de Passeport Canada.