L'appel au 9-1-1 est entré à 2h45, cette fameuse nuit du 17 octobre 2010. Les policiers devaient se rendre rapidement au 11 372 de l'avenue L'Archevêque pour une bagarre.

«Vite, vite, pressait l'interlocutrice, une voisine. Quelqu'un s'est enfui.»

En montant l'escalier intérieur menant au logement en question, les policiers ont vu du sang sur les murs. Il y en avait aussi par terre dans la cuisine. Une traînée menait à l'extérieur. C'est là, dans l'escalier extérieur en fer, un étage plus bas, que gisait la victime, Maria Altagracia Dorval. La femme de 28 ans était ensanglantée et n'avait plus de pouls.

«Elle était sur le dos. Comme si elle avait déboulé les marches. C'était une femme très corpulente. 

Elle était squeezée dans l'escalier» a raconté le policier Éric Dechamplain, qui témoignait jeudi au procès de Edens Kenol. M. Dechamplain, ainsi que sa partenaire, étaient les premiers sur les lieux, cette nuit-là. Le suspect, lui, était déjà parti. Il a été arrêté le lendemain. Il y avait du sang dans sa voiture, une Honda CRV. Il y en avait aussi sur ses vêtements.

M. Kenol, 37 ans, subit son procès devant jury depuis mercredi, sous une accusation de meurtre au premier degré. La victime était son épouse. Le couple était marié depuis 2007, et avait trois enfants. Mais au moment des faits, ils étaient séparés depuis environ deux mois. M. Kenol était allé vivre ailleurs, chez des amis, mais il n'acceptait pas la rupture.

Il épiait sa femme, la harcelait, pouvait l'appeler 50 fois par jour. En désespoir de cause, le 16 octobre, il a demandé à un ami de la famille, Jean-Baptiste Belneau, d'intercéder auprès de Mme Dorval, pour raccommoder le couple. M. Belneau a parlé avec Mme Dorval le jour même. Mais celle-ci n'a rien voulu entendre.

«J'ai dit à M. Kenol : laisse-moi du temps», a raconté M. Belneau devant le jury.

Mais M. Kenol lui aurait dit : «non, je sais ce que je vais faire.»

Mme Dorval a été tuée dans les heures suivantes.

Le procès présidé par le juge Michael Stober se poursuit vendredi. C'est Me Jacques Dagenais qui occupe pour la Couronne, tandis que l'accusé est défendu par les avocats Anne-Marie Lanctôt et Patrick Davis.