Le comptable Jean Siminaro a plaidé coupable à des accusations de blanchiment d'argent dans le cadre du procès de l'opération Diligence, ce qui donne des munitions à un couple de Repentigny. Isabelle Duval et Robert Thomas auraient perdu au moins 1,5 million à cause de malversations alléguées du comptable. Le couple a engagé une poursuite contre la caisse Desjardins de Joliette, qu'il accuse d'avoir été de connivence avec Jean Siminaro. Il a également entamé un recours contre ce dernier.

«C'est sûr que ça nous donne des munitions, puisque ça démontre le caractère de Siminaro et ça démontre comment il opère. Il est accusé et il a plaidé coupable pour exactement le même genre de choses qu'on lui reproche dans notre dossier», a expliqué Me Guy Sirois, avocat du couple.

M. Thomas a démarré son entreprise de construction en 1993. Il faisait principalement des travaux de rénovation. En 2000, son voisin, Jean Siminaro, l'a joint pour lui suggérer d'accroître les activités de son entreprise, en construisant des maisons de A à Z. M. Thomas s'occuperait des activités sur le terrain, tandis que M. Siminaro veillerait à la comptabilité.

Tout fonctionnait bien pour Construction Robert Thomas jusqu'à ce que Revenu Québec envoie un avis mentionnant que l'entreprise devait plus de 2 millions à l'État. L'importance de la somme a mis la puce à l'oreille de M. Thomas et de Mme Duval. Presque au même moment, quelques fournisseurs ont pris contact avec l'entrepreneur pour lui dire qu'ils avaient reçu des chèques sans provision.

Mme Duval et M. Thomas ont alors voulu avoir une vision plus claire de leur comptabilité. Ils ont demandé à la caisse populaire de Joliette et à la Banque Nationale de leur fournir un relevé de toutes les transactions du compte bancaire de Construction Robert Thomas.

De nombreuses irrégularités

«Je me rappelle que lorsqu'on s'est présentés à la Banque Nationale, la femme nous a demandé: «Êtes-vous bien assis?» Tous les dépôts venaient du compte personnel de Jean Siminaro», raconte Mme Duval.

Pour obtenir les relevés de transactions à la Caisse, les procédures ont été beaucoup plus longues, soutiennent Mme Duval et M. Thomas. Leur surprise a été de taille lorsqu'ils en ont obtenu les détails. Jean Siminaro a utilisé son nom pour signer des chèques, même si Robert Thomas était le seul administrateur du compte. Un expert en écriture a également confirmé que le comptable avait copié la signature du propriétaire de l'entreprise pour se verser de l'argent. De plus, à 622 reprises, Jean Siminaro a fait des chèques de dizaines de milliers de dollars même si le compte était sans provision, ce qui a entraîné d'importantes pénalités.

«Robert Thomas était l'administrateur. Pourquoi personne de la Caisse ne nous a appelés au bureau ou à la maison pour vérifier les transactions sans fonds? demande Mme Duval. Ils n'ont pas envoyé de lettre non plus. Mon fils avait un abonnement au Nautilus. Une seule fois, son paiement n'a pas passé parce qu'il n'avait pas assez d'argent dans son compte. Eh bien, il a reçu un appel et une lettre.»

La Caisse se défend

L'avocate de la Caisse, Me Marie-Éveline Préville, assure qu'il n'y a pas eu de stratagème de «cavalerie de chèques», comme le prétendent Mme Duval et M. Thomas, dans le compte bancaire de Construction Robert Thomas. La cavalerie est un procédé frauduleux qui consiste à faire circuler des chèques sans provision en jouant sur les délais d'encaissement. «M. Thomas a donné sa carte de guichet à M. Siminaro avec son NIP. Il y a deux côtés à la médaille. M. Thomas a fait une confiance aveugle à M. Siminaro. Il a reçu des relevés de ses transactions tous les mois, mais il n'a jamais ouvert les enveloppes. Peut-être qu'il dit que nous ne l'avons pas appelé, mais il n'a fait aucun suivi, aucun contrôle», affirme Me Préville.

Jean Siminaro a été arrêté dans le cadre de l'opération Diligence, une vaste enquête qui visait à contrer le blanchiment d'argent et l'infiltration de l'économie légale par le crime organisé. Le Hells Normand Casper Ouimet est l'un des coaccusés dans cette affaire.

En 2011, l'Ordre des comptables en management accrédités du Québec a révoqué le droit de pratique de Jean Siminaro.