Un ex-chef éducateur, Roger Cantin, 65 ans, a été condamné à deux ans de prison, hier à Montréal, pour des agressions commises il y a une quarantaine d'années sur un jeune garçon qui avait été confié à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

«Que les crimes soient commis il y a 40 ans ne change pas leur gravité. D'ailleurs, cette gravité est renforcée par la preuve des séquelles subies par la victime. Les crimes ont pollué sa jeunesse et cette pollution s'est manifestée à plusieurs égards tout au long de sa vie adulte jusqu'à ce jour», a dit le juge Patrick Healy en rendant sa décision.

«J'avais les larmes aux yeux. C'est très réparateur pour moi», a souligné la victime, Jacques Benoît, au terme de l'audience. Issu d'une famille dysfonctionnelle, M. Benoît avait été ballotté de foyers en familles d'accueil, avant d'être placé, à 11 ans, au centre Dominique-Savio, rue Saint-Hubert, où travaillait l'éducateur Roger Cantin. Ce dernier est devenu comme un père pour le garçon.

Abus de confiance

Malheureusement, M. Cantin a profité de cette situation de confiance pour agresser sexuellement le garçon pendant trois ans, entre 1972 et 1975. M. Benoît en a été très perturbé, mais a fini par reprendre sa vie en main, et est lui-même devenu éducateur spécialisé. Il a tenté de porter plainte auparavant, mais ce n'est qu'en 2009 que des accusations ont été portées.

M. Cantin a coupé court au processus judiciaire et a plaidé coupable à des accusations d'attentat à la pudeur et de grossière indécence. Il a même suivi une thérapie. Son avocate, Marie-Ève Landreville, demandait un sursis, tandis que Me Sylvie Lemieux, de la Couronne, demandait deux ans de prison ferme.

Le juge a opté pour cette dernière proposition, qu'il trouvait «très raisonnable, même clémente».