Longtemps opposés à l'idée, les centres de la petite enfance (CPE) veulent maintenant convaincre le gouvernement d'augmenter le tarif imposé aux parents. La facture devrait passer de 7$ à 8$ par jour, puis être indexée annuellement, proposent-ils.

Selon eux, le gouvernement Marois a accepté d'étudier cette option dans le cadre du chantier de travail sur le financement des CPE. La ministre de la Famille, Nicole Léger, tient un autre discours. «Le tarif est à 7$, ça reste à 7$ et ce n'est pas abordé dans le chantier», a-t-elle affirmé à La Presse, hier. Le Parti québécois a promis en campagne électorale de geler le tarif jusqu'à ce que le réseau des services de garde subventionnés compte 250 000 places, en 2016-2017 selon ses prévisions.

Jeudi, Québec a reculé sur ses compressions les plus controversées dans les CPE. Dans le cadre des négociations, les deux associations de CPE ont proposé au gouvernement d'autres options que des coupes budgétaires pour les prochaines années.

Tarif gelé depuis 2004

L'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) et le Conseil québécois des services de garde éducatifs à l'enfance (CQSGEE) ont mis sur la table l'idée d'augmenter le tarif d'un dollar par jour à titre de «rattrapage». Le tarif est gelé à 7$ depuis 2004. S'il avait été indexé, il serait aujourd'hui d'un peu plus de 8$.

Les parents verseraient environ 55 millions de plus par année en payant 8$ par jour. Ils paient environ 400 millions à l'heure actuelle. De son côté, l'État débourse 2,2 milliards par an pour financer le réseau des garderies.

Selon le CQSGEE, les parents finançaient à hauteur de 22% le coût d'une place en garderie subventionnée en 2004. Cette part a fondu pour atteindre 17% en raison du gel tarifaire.

Pour les deux associations de CPE, l'indexation annuelle du tarif à 7$ est un minimum. Indexé à 2%, le tarif passerait à 7,14$ la première année et représenterait 8 millions supplémentaires.

«Il faut que les parents paient un peu plus, sinon on n'y arrive plus», a laissé tomber la présidente du CQSGEE, Francine Lessard. Cette proposition n'est pas «ferme» pour le moment selon elle, car «on va en parler à nos membres et à nos parents» dans les prochaines semaines.

«Après 15 ans d'historique, il faut regarder le système au complet et ne pas être dogmatique sur la tarification. Il ne faut pas maintenir une position disant que c'est 7$ à tout prix», estime le directeur général de l'AQCPE, Louis Senécal. Selon lui, si le gouvernement «se met la tête dans le sable», il risque de se retrouver avec «un plus gros problème encore dans quelques années, comme dans le cas des droits de scolarité».

Éviter un choc tarifaire

Il insiste: toute augmentation doit faire l'objet d'une «analyse fine». Un «choc tarifaire» doit être évité, et les plus démunis doivent être «protégés».

«Avant d'aller chercher dans la poche des contribuables, il faut faire un examen détaillé de notre manière de dépenser», note M. Senécal. Et les parents doivent être consultés. «Je suis certain que leur son de cloche ne sera pas le même qui si on avait posé la question il y a 10 ans. Quand le tarif est passé de 5$ à 7$ (en 2004), les gens sont allés dans la rue. Mais là, il y a toute une réalité qui a été vécue dans différents domaines parce que les finances publiques ont changé, sont plus précaires que jamais», a-t-il fait valoir. En 2004, les CPE avaient protesté contre la hausse du gouvernement Charest, qui reniait alors une promesse électorale.

En vertu de l'entente conclue jeudi, Québec se contente finalement de piger 31 millions dans les surplus d'un CPE sur cinq, c'est-à-dire ceux qui en ont le plus. Mais cette solution ne règle le problème budgétaire que pour un an.

Le Parti libéral et la Coalition avenir Québec se sont prononcés en faveur d'une indexation lors des élections générales.