De la tire d'érable entre deux bouchées d'un repas mexicain. Des jeunes de culture arabe qui dansent sur le dernier tube de reggaeton sud-américain. Des «pures laines» qui s'initient à la capoeira brésilienne. À l'école secondaire Cavelier-De LaSalle, dans l'Ouest-de-l'Île, on a décidé cette année de mettre de côté les habituelles journées consacrées à un pays en particulier pour instaurer le Festival du Nous.

L'idée? Célébrer toutes les cultures, et surtout leur métissage, en même temps. Les quelque 1800 élèves de la grande école, issus de 85 cultures différentes, sont invités à participer à une panoplie d'activités pendant 10 jours. Au programme: danse, sport, conférences et préparation culinaire afin de plaire à tous.

À la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, dont fait partie l'école, 61% des élèves n'ont pas le français comme langue maternelle.

Rassembler plutôt que diviser

Julie Lavigne est directrice de l'école secondaire Cavelier-De LaSalle. Depuis six ans, elle voyait les festivités ethniques se succéder et attirer surtout les jeunes qui s'identifient à la culture en vedette.

Le déclic s'est produit «quand j'ai vu mes jeunes se promener avec le drapeau algérien pendant un festival arabe, puis le festival québécois être boudé», a-t-elle raconté à La Presse dans la cafétéria de l'établissement. «Je me suis dit que ces jeunes n'étaient pas en train de s'identifier à une même collectivité.» Pour la directrice, la solution est de faire la promotion d'une identité québécoise nouveau genre, qui laisse une grande place à la diversité. «Je veux qu'on se fête, nous», a affirmé Mme Lavigne, des jeunes de toutes les origines s'activant autour d'elle. Même discours du côté de Hadjer Dahel, une élève de cinquième secondaire qui fait partie du comité organisateur de l'événement. En entrevue, elle s'est dite contente de voir ses camarades de classe participer à l'évènement de façon unie. L'ancienne organisation entraînait, «en quelque sorte, de la ségrégation», a-t-elle ajouté.

Même si Julie Lavigne souhaitait voir ses élèves faire la fête ensemble plutôt que divisés, l'ambiance est plutôt harmonieuse à Cavelier-De LaSalle, selon sa directrice. Si des tensions ethniques ont déjà existé il y a quelques années, la problématique serait sensiblement réglée.

L'école compte pourtant parmi les plus multiculturelles de l'île et une courte promenade dans ses couloirs le confirme. Les nouveaux Québécois de deuxième génération sont particulièrement représentés.

«On voit de tout, de toutes les cultures. On est toujours avec des gens de cultures différentes. Impossible d'avoir une culture qui domine dans une classe, tout est mélangé», assure la jeune Hadjer Dahel, elle-même d'origine algérienne.