La transformation entreprise par la Commission scolaire de Montréal (CSDM) pour moderniser sa structure est loin de faire l'unanimité et se révèle plus ardue que prévu.

Un document de travail, obtenu par La Presse, circule parmi les enseignants, les professionnels, les cadres, les directeurs d'école et les parents aux fins de consultation.

Il présente les transformations organisationnelles préconisées en vue de la création de la «nouvelle» CSDM. Il devait être adopté le 27 mars, à la prochaine réunion des commissaires. Or, la formule proposée suscite tant d'inquiétudes et d'interrogations que la CSDM se voit contrainte d'en retarder l'adoption.

Elle présentera plutôt une nouvelle version. «Il y a plus de questionnements qu'on pensait. Au prochain conseil, nous allons déposer une version A plus étoffée avec plus de chiffres et les résultats des consultations», a expliqué le porte-parole de la CSDM, Alain Perron.

La CSDM a toujours l'intention de mettre en place ses grandes orientations dès le 1er juillet, assure M. Perron.

Au moment où certains préconisent l'abolition des commissions scolaires, la CSDM propose de transformer sa structure afin d'avoir plus «d'autonomie, de proximité et d'efficacité».

La structure telle que présentée suscite toutefois des doutes sur les résultats escomptés. «Nous avons des réserves sérieuses à l'égard de certains éléments», affirme le président de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire (AMDES), Gaétan Neault.

Le document de travail propose entre autres d'abolir les réseaux scolaires - ces paliers administratifs qui chapeautent les écoles d'un même secteur - pour créer une nouvelle structure qui relèverait de la direction générale. L'AMDES se demande si le système en sera véritablement allégé.

Elle déplore aussi l'absence de chiffres et de détails concernant les coûts et les économies des mesures envisagées. La CSDM a déclaré un déficit historique de 47 millions en 2012-2013.

Précipitation

Plusieurs groupes, dont l'AMDES, estiment que ce qui a été dit lors des consultations n'est pas reflété dans le document présenté. Ils s'interrogent aussi sur la précipitation de la CSDM à le faire approuver. «Ce n'est pas la première fois qu'on vit une restructuration à la CSDM, souligne M. Neault. Il faudrait faire ce qu'on préconise en éducation, qui est d'évaluer si on a atteint nos objectifs.»

Le Comité central des parents de la CSDM demande pour sa part la création d'un mécanisme de vigie pour s'assurer que la transformation donnera les résultats souhaités. «Ce n'est pas mauvais de moderniser. Mais il faut des objectifs chiffrés», souligne le responsable des communications, Toby Lamontagne. Le Syndicat des professionnels du milieu de l'éducation de Montréal estime pour sa part que la CSDM doit refaire ses devoirs. Le vocabulaire utilisé dans le document et la philosophie de gestion collée au secteur privé qui s'y retrouve ont provoqué la crainte plutôt que l'adhésion, affirme le président, Paul Cousineau.

«Il y a tellement de vide que ça crée une commotion et de l'angoisse, ce qui fait en sorte que sans changements, cette réforme ne passera jamais», ajoute-t-il. Le document propose notamment de centraliser les services pédagogiques aux élèves, mais sans préciser l'impact sur les professionnels.