Les jeunes du Parti québécois (PQ) sont arrivés au conseil national en réclamant le gel des droits de scolarité. Ils se satisferont désormais de l'indexation. Pour Pauline Marois, «indexation égale gel». Figer les droits à leur niveau actuel équivaut plutôt à une «réduction» des obligations faites aux étudiants.

Les stratèges du PQ ont facilement convaincu les jeunes du parti de donner toute la marge de manoeuvre nécessaire au gouvernement, à deux semaines du sommet sur le financement des universités. Pauline Marois et Pierre Duchesne ont manifestement une piste pour satisfaire les partisans d'un gel: les frais afférents, des factures croissantes qu'imposent les universités aux étudiants. Le gouvernement Charest avait déjà exploré cette piste: pour les frais liés aux études, la croissance est limitée à 4% par année. Le problème, c'est la disparité entre les universités: ils sont inexistants à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, mais comptent pour plusieurs centaines de dollars par année à McGill.

Au terme d'intenses débats au conseil national, les 400 délégués se sont ralliés à une résolution précisant que le PQ «doit défendre le gel des droits de scolarité», comme le réclamait le comité des jeunes. Mais ces derniers avaient consenti à mettre beaucoup d'eau dans leur vin; ce sera le gel «ou toute autre position permettant de diminuer l'endettement étudiant».

Une position «raisonnable»

En point de presse, Mme Marois a souligné que «l'indexation reste ce qui est le plus raisonnable». L'appel des jeunes pour un gel est vite récupéré: «Pour moi, indexation égale gel. Le gel, sans indexation, signifie qu'on réduit les frais de scolarité.»

L'économiste Pierre Fortin avait déjà pavé la voie pour le gouvernement. Auteur d'une étude sur les droits de scolarité demandée par Québec, il avait indiqué que l'indexation - il propose une fourchette de 40 à 80$ d'augmentation - équivalait à un gel pour les étudiants, puisqu'on tient compte de la croissance générale des prix.

Pas question de gratuité, donc, même si ses partisans pourront s'exprimer au sommet de la fin du mois de février. «On attend une contribution correcte de l'étudiant», a dit Mme Marois.

Sur le parquet, le débat a été musclé. Plusieurs intervenants se sont dits surpris que le gouvernement ait opté pour «l'indexation». «En trois ans, je n'ai jamais entendu parler d'indexation dans nos instances... On avait une proposition vague, pour un sommet; il est temps de mettre de la chair autour de l'os», a lancé Jeremy Dunn, président des jeunes de Montréal-Centre. Habituellement radical, Marc Laviolette est venu appuyer la proposition édulcorée. «En négociation, il faut se ménager des portes», a-t-il expliqué.

Deux interprétations

Peu après le vote, Frédéric Saint-Jean, président des jeunes péquistes, et le ministre Pierre Duchesne avaient une interprétation bien différente du texte adopté. Pour le jeune Saint-Jean, le PQ vient de s'engager à «soit un gel, soit une diminution de la facture étudiante». «Pour nous, le "ou" de la résolution signifie quelque chose d'encore meilleur que le gel. Si la facture étudiante diminue, on sera encore plus heureux!», a-t-il soutenu.

À ses côtés, Pierre Duchesne a d'abord tenté d'envoyer le ballon dans la cour du Parti libéral, dont on attend toujours la position comme participant au sommet, rappelle-t-il. «Il faudra voir comment on fait l'indexation, si on la fait, et s'il y a un gel, où il se fera», a-t-il dit.

Les associations membres de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) étaient réunies en congrès cette fin de semaine à Montréal pour préparer le sommet, qui se tiendra les 25 et 26 février.

Même avant la déclaration de la première ministre Pauline Marois au conseil du PQ selon laquelle le gel et l'indexation s'égalaient, la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, ne s'est pas dite très ouverte à l'idée d'une augmentation équivalente à l'inflation.

- Avec La Presse Canadienne