Le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, propose de moduler les droits de scolarité selon le domaine d'étude, une idée partagée par les trois candidats à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ).

Au cours d'un débat, le 13 janvier, l'ex-ministre des Finances Raymond Bachand a mis sur la table cette proposition en vertu de laquelle un étudiant en médecine paierait des droits plus élevés que celui en histoire, en raison des coûts de la formation et des perspectives de revenus. Philippe Couillard et Pierre Moreau se sont ralliés à l'idée.

Selon Guy Breton, l'instauration de droits de scolarité modulés serait «une excellente chose». Il en a d'ailleurs fait la promotion devant les députés libéraux réunis hier en caucus. Il avait été invité à faire une présentation au sujet de l'impact des compressions de 124 millions de dollars pour cette année dans les universités - 23 millions dans le cas de l'Université de Montréal.

»Ça n'a aucun sens»

«Il n'y a aucune autre juridiction en Amérique du Nord où un étudiant en médecine dentaire paie la même chose qu'un étudiant en histoire, a-t-il affirmé à la sortie de la rencontre. Ça n'a aucun bon sens qu'un étudiant en histoire paie 40% de sa formation et que l'étudiant en médecine vétérinaire paie 5% avec des expectatives de revenus qui ne sont pas les mêmes. Il y a une espèce d'intégrisme... Ça n'a pas de bon sens. Quand j'en parle à mes collègues des autres provinces, ils rient de moi.»

Selon lui, «c'est une illusion de penser que les frais non différenciés avantagent les classes défavorisées». Il a fait valoir que la majorité des étudiants dans des domaines comme la médecine proviennent de milieux aisés. «Ça me pince un petit peu quand je donne 285 diplômes de médecine et que, pour la moitié des étudiants, leurs parents sont des médecins, des ingénieurs, des industriels... Si on voulait rendre ça accessible à tout le monde, on s'est trompé», a-t-il soutenu.

Selon lui, si les droits étaient modulés, le régime de prêts et bourses devrait être ajusté pour permettre aux moins fortunés d'avoir accès aux programmes plus coûteux.

Les compressions condamnées

Guy Breton a par ailleurs condamné les compressions imposées par le gouvernement Marois. «C'est se leurrer que de dire qu'on peut couper, couper, couper, et s'imaginer que nos médecins et dentistes ont la même compétence qu'ailleurs si on les forme à moitié prix», a-t-il lancé.

En conférence de presse, la première ministre Pauline Marois a plaidé que les recteurs ont «un effort temporaire» à faire. Il y aura d'autres compressions pour 2013-2014, mais un réinvestissement viendra à partir de l'année suivante, a-t-elle dit.