Près d'un an après la fermeture en catastrophe de l'école primaire Saint-Gérard à cause d'un grave problème de moisissure, les élèves et leurs parents en ont assez d'être des expatriés.

Dans un geste symbolique, ils ont livré ce matin 350 cartes de Noël au bureau de la nouvelle ministre de l'Éducation pour lui demander de nouveau une école.

«L'école primaire est le coeur d'un quartier. C'est le nouveau perron d'église, explique la porte-parole du Regroupement des parents de l'école Saint-Gérard, Chantal Laperrière. Rien ne justifie qu'on abandonne un quartier sans son école.»

En janvier dernier, l'école de Villeray, qui accueillait 430 élèves, a fermé après la découverte d'un problème important de moisissure qui avait des conséquences néfastes sur la qualité de l'air.

L'an dernier, les enfants ont dû déménager deux fois en quelques mois, d'abord au collège Ahuntsic, où ils ont été hébergés de façon temporaire, puis à l'école secondaire Georges-Vanier, où ils sont toujours.

«Ils voyagent en autobus et ils sont forcés d'évoluer dans un milieu secondaire. Ils ont le droit d'avoir une école adaptée à leur âge. C'est une étape importante», croit Mme Laperrière, qui affirme que 11 mois après le déménagement initial, les parents sont sans nouvelles du dossier.

En mai, La Presse a révélé que l'école primaire devrait être démolie, en totalité ou en partie, puis reconstruite. Deux rapports d'expertise, l'un de la firme d'architectes Riopel et associés, l'autre de la direction de la santé publique, réalisés à la demande de la Commission scolaire de Montréal avaient découvert «une contamination généralisée de l'air dans l'école».

Trois scénarios sont maintenant envisagés : la démolition de l'école et la construction d'un nouveau bâtiment qui pourrait accueillir 705 élèves, au coût de 18,1 millions; la conservation de la structure existante et un agrandissement qui permettrait d'accueillir 705 élèves, au coût de 15 millions; ou la conservation de la structure existante, sans agrandissement, au coût de 12 millions. 

«Ça fait mal au coeur de voir mon garçon monter dans l'autobus chaque matin», dit Aline Cantaloup, dont le fils est en première année. «Il a eu beaucoup de mal à s'adapter aux nombreux changements l'an dernier. Il était perturbé.»

Pour éviter une telle situation, Genevière Jodoin a carrément retiré son fils de l'école lors de la dernière année scolaire. «On lui a fait l'école à la maison jusqu'à ce que la situation se stabilise», dit-elle. Il est rentré en classe en septembre. «C'est vraiment triste pour la vie de quartier», dit la maman, qui est particulièrement inquiète que l'école ne soit toujours pas rouverte l'an prochain alors que son deuxième entrera en maternelle.