L'idée était dans l'air depuis un moment déjà et le «printemps érable» l'a propulsée au premier plan. Alors qu'elle est souvent négligée, dévalorisée, l'éducation devrait plutôt faire l'objet d'une véritable réflexion, d'un chantier national au Québec.

C'est la conclusion à laquelle arrive le livre De quoi le Québec a-t-il besoin en éducation? , collectif réalisé sous la direction de Jean Barbe, de Marie-France Bazzo et de Vincent Marissal.

Après un premier livre intitulé De quoi le Québec a-t-il besoin? , vaste question posée l'année dernière, le trio récidive en se questionnant précisément sur l'éducation, deuxième poste budgétaire en importance au Québec.

«C'est la pierre angulaire», explique Marie-France Bazzo, sociologue et animatrice de l'émission Bazzo.tv à Télé-Québec.

Des «têtes pensantes»

Avec Vincent Marissal, journaliste à La Presse, et Jean Barbe, ancien rédacteur en chef du Voir et éditeur chez Leméac, elle a recueilli les propos de 11 «têtes pensantes» qui témoignent de leur vision de l'éducation.

Enseignants retraités, ex-directeur d'école, ancien haut fonctionnaire, philosophe, psychologue ou économiste, ces penseurs sont autant des théoriciens que des gens du milieu.

Certains sont plus connus. C'est le cas de la scénariste Fabienne Larouche, auteure des émissions Virginie et 30 vies, où l'école est constamment en trame de fond. C'est le cas aussi de Guy Rocher, considéré comme le père de la sociologie au Québec, membre de la Commission royale d'enquête sur l'éducation au Québec qui a mené au rapport Parent en 1963.

Le trio Barbe-Bazzo-Marissal les fait parler d'éducation en général, de la pertinence des écoles privées, de la gratuité scolaire, du problème récurrent du décrochage. Chacun propose aussi une «idée phare» pour le Québec.

Un autre rapport Parent

Il en résulte un constat clair. «Nous avons besoin d'un nouveau rapport Parent», affirme Mme Bazzo en évoquant un «chantier national».

À l'époque, le rapport Parent préconisait l'école obligatoire et gratuite jusqu'à l'âge de 16 ans.

«Ce rapport devait nous sortir de notre ignorance collective et donner à tous des chances égales. Actuellement, les chances ne sont pas égales», dit Mme Bazzo.

Dans certaines régions, le taux de décrochage des garçons frôle les 45%. La moitié de la population active est analphabète fonctionnelle. «Je m'excuse, mais il y a une faillite quelque part», ajoute-t-elle.

«Un trésor national»

En citant les propos de Guy Rocher, l'animatrice rappelle pourtant que «l'éducation est un trésor national», d'autant plus qu'il n'y a pas longtemps encore au Québec, rares étaient ceux qui pouvaient faire des études.

Ce trésor, la société ne s'en occupe pas suffisamment. «On traite souvent mal ce qui est gratuit, alors que ça devrait être un bien public qu'on chérit. J'ai l'impression que c'est notre jeunesse par rapport à l'éducation qui fait qu'on ne la valorise pas et ce qu'on ne valorise pas, on le traite mal, on s'en fout un peu», indique Mme Bazzo.

L'ouvrage porte un regard parfois sombre et pessimiste de l'éducation. Il propose aussi des idées, de bons coups. Surtout, il est porteur de rêves et d'espoir.

Les idées phares qui ressortent du livre? Faire en sorte que la population soit fière de son éducation, fière de son école. Impliquer davantage les parents dans la vie scolaire de leurs enfants. Cesser de faire des réformes par-dessus des réformes. Valoriser l'effort et la nécessité d'obtenir un diplôme. Et ne pas chercher uniquement à former de futurs travailleurs, mais plutôt des citoyens cultivés.