La grève et ses conséquences ont incité quelque 3400 étudiants à abandonner tous leurs cours dans les cégeps où la session d'hiver 2012 a été reportée à la mi-août. Bonne nouvelle: la vaste majorité d'entre eux n'ont pas eu de mentions d'échec à leur bulletin.

La Fédération des cégeps a rendu publiques jeudi ses estimations concernant les 14 établissements de la région montréalaise où la session d'hiver 2012 a été suspendue en raison de la grève étudiante, le printemps dernier.

Parmi les 57 000 étudiants qui devaient reprendre leur session à la mi-août, quelque 3200 (5,5%) ont obtenu la mention «incomplet» pour l'ensemble de leurs cours, c'est-à-dire des abandons sans échec. On peut déduire qu'environ 2800 d'entre eux l'ont demandé en raison de la grève, puisque, lors d'une session normale, environ 400 étudiants reçoivent des «incomplets» dans tous leurs cours.

À ces 2800 étudiants s'ajoutent ceux qui ont abandonné ou échoué à tous leurs cours sans demander la mention «incomplet». Ils sont 2200 (4%) dans cette situation dans les 14 cégeps en cause, soit 600 de plus que d'habitude.

Bien que le nombre d'abandons avec ou sans échecs a sensiblement augmenté, la Fédération des cégeps se dit tout de même «satisfaite» par ces données. «Quand on est au coeur d'une session en rattrapage, on a tous les scénarios en tête, et ce n'était pas notre pire scénario, loin de là», souligne son président-directeur général, Jean Beauchesne.

M. Beauchesne souligne que la vaste majorité des étudiants ont fait des démarches pour ne pas obtenir de mentions d'échec à leur bulletin. «Les étudiants qui sont en situation d'échec général, c'est plus problématique d'éviter le décrochage, et ils sont notre priorité, dit-il. La bonne nouvelle, c'est que tous les autres ont fait des démarches pour obtenir des abandons sans échec. Ils veulent donc poursuivre leur parcours collégial. On aime mieux un étudiant qui va finir son pré-universitaire en trois ans plutôt que deux qu'un étudiant qui décroche.»

Les établissements collégiaux et le ministère de l'Éducation s'étaient d'ailleurs entendus pour élargir l'accessibilité à la mention «incomplet», habituellement destinée aux étudiants qui vivent des situations exceptionnelles, comme une maladie ou un problème familial. On souhaitait ainsi «éviter un trop grand nombre d'échecs et favoriser la réussite scolaire».

La plupart des étudiants qui ont demandé des abandons sans échec étaient dans un cheminement plus faible et craignaient d'échouer leurs cours si leur session était compressée.

Des centaines d'autres étudiants ont demandé des «incomplets» dans un ou plusieurs de leurs cours. Les étudiants dans cette situation n'ont pas été comptabilisés, mais il y en aurait autant que ceux qui ont abandonné tous leurs cours sans échec.

La Fédération étudiante collégiale du Québec se réjouit également que le nombre d'abandons ne soit pas plus élevé. «Dès que la grève a été terminée, les étudiants ont donné un bon coup, indique Vincent-Olivier Bastien, vice-président de la FECQ. Les mesures gouvernementales ont aidé et les professeurs ont aussi travaillé fort.»