Derrière une machine à maïs soufflé, Sophie Boucher-Moutou, 19 ans, est tout sourire. En ce gris lundi d'octobre, la jeune femme, qui étudie en sciences humaines, vit sa deuxième rentrée en seulement trois mois. Après le rattrapage du trimestre d'hiver au mois d'août, c'est celui d'automne qui commence, pour elle comme pour quelques milliers d'élèves du collège Ahuntsic, à Montréal.

«C'est sûr que le mois de rattrapage a été très exigeant. J'avais quatre cours à rattraper, mais les profs nous ont soutenus, et ça s'est bien passé, dit-elle. Même si le mois était plus dur, je l'accepte, car la grève a porté ses fruits.»

Les jeux, stands d'information et activités sont les mêmes qu'à l'occasion des habituelles rentrées de septembre, à une exception près: tout a été déplacé à l'intérieur du collège, température automnale oblige.

La hausse des droits de scolarité a été annulée par le nouveau gouvernement, mais les représentants de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) veillent au grain. «Même si ce n'est pas la grève, nos membres ont besoin de nos services, affirme Vincent-Olivier Bastien, vice-président de la FECQ. C'est notre travail de tous les jours qu'on a mis de côté pendant la grève et qu'on reprend aujourd'hui.»

Le prochain rendez-vous des étudiants est le sommet sur l'éducation promis par le gouvernement Marois. «On veut que tout soit sur la table, on veut parler des conditions de vie des étudiants, du coût du logement, du transport, de l'alimentation et des frais institutionnels obligatoires qui sont déréglementés. Ce sont des sujets qu'on veut aborder», ajoute Vincent-Olivier Bastien, qui porte toujours le carré rouge.

Dans l'un des couloirs du collège, l'Association générale étudiante du collège Ahuntsic (AGECA) a installé son stand d'information. Le but: rappeler aux élèves qu'il y a une vie associative hors de la grève et sensibiliser les nouveaux venus qui commencent aujourd'hui leur vie de cégépien.

«Toute la mobilisation a mené à un cours de politique 101 pour les étudiants», estime Félix Lefebvre Des Ormeaux, président de l'AGECA.

Même si la hausse des droits de scolarité est annulée cette année, l'AGECA souhaite poursuivre son travail de sensibilisation auprès de ses membres, notamment sur l'idée de la gratuité scolaire.

À la suite du «printemps érable», le jeune homme juge que les étudiants ont remporté une victoire partielle. Mais tout n'est pas gagné. «On doit être fiers de ce qui s'est passé et s'en inspirer pour la suite», dit-il.