L'élection du Parti québécois sonne la fin de la grève étudiante, sept mois après le début du conflit. Mais pour certains, il est trop tard. Dans un geste sans précédent, l'Université de Montréal annule huit cours.

Environ 400 étudiants inscrits en sociologie et en anthropologie sont visés par cette décision tombée hier soir. Leur trimestre d'hiver est incomplet et les cours, crédités, devront être repris.

La semaine dernière, la rentrée des classes afin de terminer le trimestre d'hiver a été perturbée à l'Université de Montréal. La présence de manifestants a forcé l'intervention des policiers et l'université a suspendu une cinquantaine de cours, dans les programmes où les étudiants étaient toujours en grève.

Plan de rattrapage

En collaboration avec les professeurs et les doyens, la direction a procédé à l'analyse du plan de rattrapage pour chacun des cours. Elle voulait évaluer s'il était toujours possible de les compléter avant la date limite du 28 septembre, tout en maintenant la qualité de la formation.

Hier soir, l'Université a annulé huit cours en sociologie et en anthropologie. Plus tôt dans la journée, les étudiants venaient pourtant de voter pour un retour en classe, effectif à compter d'aujourd'hui.

«Peu de ces cours sont donnés le vendredi. Les étudiants avaient donc perdu deux semaines sur un plan de rattrapage de cinq semaines. On a dû prendre la difficile décision d'annuler les cours», explique le porte-parole de l'Université de Montréal, Mathieu Filion.

Cette décision sans précédent dans l'histoire de l'université survient au moment où le conflit étudiant s'apaise, à la suite de l'élection du Parti québécois.

Annulation de la hausse

Dès sa première conférence de presse à titre de première ministre, mercredi, Pauline Marois a annoncé son intention d'annuler la hausse de 1778$ en sept ans et d'abroger la loi spéciale (loi 12), même si son gouvernement est minoritaire.

Une annonce qui a été reçue avec soulagement par les fédérations étudiantes collégiales et universitaires du Québec.

La CLASSE s'est montrée plus réservée. L'organisation souhaite rencontrer rapidement Mme Marois pour discuter des droits de scolarité et du sommet des universités qu'elle s'est engagée à organiser.

«On accueille favorablement la promesse du Parti québécois. [...] On demeure toutefois prudents. On va attendre avant de crier victoire», a déclaré Jeanne Reynolds, l'une des porte-parole de la CLASSE, en conférence de presse hier.

Le PQ a l'intention d'indexer les droits de scolarité sur le coût de la vie. «On va demander qu'il n'y ait pas de hausse du tout», a insisté Camille Robert, une autre porte-parole de la CLASSE.

Si elle ne veut pas de la hausse votée par les libéraux, la CLASSSE souhaite en revanche que le PQ maintienne les bonifications apportées au système d'aide financière par l'ancien gouvernement.

Quant à la grève, elle semble terminée. Une trentaine d'associations étudiantes, tant dans les cégeps que les universités, tiennent des assemblées depuis mardi, discutant de la suite des choses. En août, une majorité d'entre elles avaient voté pour un retour en classe, le temps de finir le trimestre d'hiver et de laisser passer la campagne, sorte de «trêve électorale».

Avec l'engagement du PQ d'annuler la hausse, la plupart se prononcent ces jours-ci pour un retour en classe définitif et d'autres façons de maintenir la pression sur le gouvernement.

«On voit un peu que la tendance générale va vers un retour en classe. Dans des circonstances comme cela, on est appelés à revoir notre position actuelle», a d'ailleurs convenu Mme Robert.

Pour continuer la mobilisation, une manifestation est prévue le 22 septembre, la septième à se tenir le 22 du mois.