C'est aujourd'hui la fin des classes, partout au Québec. À Saint-Alexis-des-Monts en Mauricie, cette fin d'année scolaire a une saveur toute particulière.

«À l'école, je n'étais pas capable de rester assis sur une chaise toute la journée, se rappelle Alexandre Andichou, 18 ans. Ça ne bougeait pas assez pour moi.» Hier, le jeune homme a pourtant terminé son dernier examen avant d'obtenir un double diplôme d'études secondaires, générales et professionnelles. Tout un exploit, réussi à la maison familiale rurale de la MRC de Maskinongé, école alternative où les élèves passent une semaine sur deux en stage, sur le terrain.

Le reste du temps, les adolescents de 15 à 18 ans vivent dans une vaste maison de briques de Saint-Alexis-des-Monts, petit village niché au creux des collines de la Mauricie. Pour 335$ par mois, ils sont nourris, logés, instruits et encadrés. Personne ne fait le ménage ni la vaisselle pour eux. Comme dans une vraie famille... même si plusieurs arrivent sans avoir jamais passé l'aspirateur.

«On est en relation extrême, indique Diane Bédard, dynamique directrice générale de la maison familiale rurale (MFR). Les jeunes nous font rapidement confiance, parce qu'ils voient qu'on travaille pour eux. On en a raccroché une méchante gang à l'école.»

Faible taux de décrochage

Moins de 13% des élèves inscrits à la MFR de Maskinongé sont partis en cours d'année scolaire, depuis son ouverture en 2006. Un taux de persévérance à faire rougir bien d'autres écoles. «Ce qui est magique ici, c'est qu'on prend du temps pour chaque élève», fait valoir Mme Bédard.

William Guertin, 17 ans, y termine sa 3e secondaire, après s'être fait renvoyer de son école précédente. «Au départ, je ne voulais pas venir ici, se souvient-il. Finalement, ç'a été correct, même si je ne suis pas un rural. Le fait d'être en campagne, tranquille et bien entouré, fait que même si tu cherches à te geler ou à te sauver, tout t'encourage à ne pas le faire.»

Il faut être vaillant pour suivre le rythme de la MFR. Une semaine sur deux, la classe a lieu de 8 h à 17 h, dans une ancienne école primaire de Saint-Alexis-des-Monts. «On enseigne la même matière qu'à l'école secondaire normale, sauf qu'on va plus vite», explique Gilles Guillemette, professeur de mathématiques, sciences et arts.

En trois ans, les élèves font leurs 3e, 4e et 5e années de secondaire, en plus de suivre une formation professionnelle complète. Même si les cours sont denses, «les élèves sont motivés parce qu'ils savent qu'après, ils vont en stage», dit M. Guillemette.

Des jumeaux qui ont leur DES

Alexandre Andichou peut en témoigner: sa formation professionnelle en protection et exploitation de territoires fauniques, il l'a adorée. Dès qu'il a mis le pied dans un ranch de chasse, il a eu la confirmation d'avoir trouvé sa voie. Son expérience préférée? Nourrir les couguars, les lynx et les loups dans un refuge, au point de rêver d'en ouvrir un à son tour. Si bien qu'il s'est inscrit au cégep, en gestion d'entreprise agricole.

«Les MFR sont là pour les gens qui sont capables de réussir, mais qui ont besoin de bouger et ont envie de commencer à travailler», résume le jeune homme. Très enthousiaste, Alexandre a convaincu sa jumelle, Caroline, de finir son secondaire à la MFR avec lui. «Nos parents sont fiers qu'on obtienne notre diplôme tous les deux», souligne-t-il.