De plus en plus de petits Québécois apprennent le mandarin et s'initient à la culture chinoise sur les bancs d'école. Des cours qui connaissent un intérêt grandissant, a constaté La Presse.

«Je suis très contente de vous connaître», articule lentement en mandarin l'enseignante Xiangling Jiang pendant que les élèves répètent après elle. Quelques-uns pouffent de rire, s'avouant vaincus devant la prononciation ardue.

L'école secondaire Saint-Georges, à Senneville, dans l'Ouest-de-l'Île, est l'une des 11 écoles de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys à offrir des cours de mandarin après les classes.

«J'ai été adoptée, indique Camille Fauvel pour expliquer son intérêt. Je voulais découvrir le mandarin parce que c'est important pour moi de connaître un peu ma culture.»

Dans le cas de Rubis Asselin, élève de 4e secondaire, c'est plutôt le voyage en Chine qui s'organise à l'école l'année prochaine qui l'a poussée à apprendre le mandarin.

Même si elle travaille fort, elle ne s'attend pas à parler couramment le mandarin d'ici les prochains mois. «J'aimerais pouvoir être capable de commander le plat no 37 quand je vais au restaurant chinois», dit-elle avec humour.

Xiangling Jiang, leur enseignante, est envoyée par le gouvernement chinois par l'entremise du Hanban, organisme de promotion de la culture chinoise (voir autre texte). «Les gens ne connaissent pas la Chine d'aujourd'hui, la Chine moderne. C'est ce que je veux leur faire connaître, tout en diffusant aussi la culture traditionnelle», explique-t-elle.

À la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), les cours de mandarin sont surtout offerts en activité parascolaire. Dans un avenir rapproché, des cours de mandarin pourraient toutefois être offerts dans le cadre du programme international, au même titre que l'espagnol.

«Le mandarin suscite un intérêt», affirme Wojtek Winnicki, directeur général adjoint à la formation continue. Il parle d'une croissance quasi «exponentielle».

Au début de l'hiver, 300 élèves et membres du personnel étaient inscrits aux cours de mandarin après les classes à la CSMB. En juin, ils étaient plus de 600 et les inscriptions pourraient franchir le cap du millier en septembre.

Même les élèves du primaire s'intéressent à la Chine. Des activités d'initiation sont organisées pour leur faire découvrir la culture chinoise. Une soixantaine d'écoles de la commission scolaire sont aussi jumelées avec des écoles en Chine.

Les parents sont très réceptifs, indique M. Winnicki. Lorsqu'un cours de mandarin a été offert pour la première fois dans une école primaire de Mont-Royal, il y a quelques années, 90 parents ont voulu inscrire leur enfant.

«Il a fallu organiser une loterie, se souvient M. Winnicki. L'intérêt persiste aujourd'hui parce qu'à mon avis, beaucoup de parents voient que c'est une langue d'avenir.»

Le privé précurseur

Cette ouverture sur le monde est une façon de faire concurrence aux écoles privées, reconnaît M. Winnicki. Le mandarin est présent depuis plusieurs années déjà dans le réseau privé.

Le Hanban a pris contact avec la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP) pour créer un partenariat dans les écoles il y a plus de sept ans. Une dizaine d'établissements privés ont profité de cette entente.

Le collège Bourget, à Rigaud, a été l'un des premiers. «Après les Jeux olympiques [de Pékin], on a senti un déblocage. Il y a un plus grand intérêt pour la Chine», note la directrice de programme des admissions, Michèle Laroche. Dans ce collège, le cours de mandarin est offert en option aux élèves de 5e secondaire. Ils sont une dizaine dans le groupe chaque année.

L'an dernier, la FEEP a mis fin à son partenariat avec le Hanban, car elle estimait que le programme était devenu plus coûteux. Elle a maintenant une entente avec l'Institut Confucius (voir autre texte), mais certaines écoles privées continuent de travailler individuellement avec le Hanban.

Plusieurs partenariats existent avec des écoles privées ou publiques, mais des cours de mandarin sont aussi offerts au public en général, explique la directrice de l'Institut Confucius, Ming Rong. Plus de 400 personnes s'inscrivent, d'année en année, à ces cours offerts à la population en général. «Nous allons grossir encore davantage, prévoit Mme Rong. Les plus jeunes voient les occasions qui pourraient se présenter dans le futur. Certaines entreprises exigent que leurs employés parlent le mandarin. Les plus vieux s'intéressent surtout à la culture et à l'histoire de la Chine.»