Même ton posé, même attitude calme, même extrême prudence dans les propos.

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Après Léo Bureau-Blouin, c'est au tour d'Éliane Laberge, nouvelle présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), de jouer dans la cour des grands et de tenter sa chance contre le gouvernement Charest.

Si les mois d'entraînement de son prédécesseur manquent visiblement à la jeune femme, elle devra tout de même continuer à assurer le rôle de leader modéré dans le mouvement étudiant.

Et ce n'est pas pour lui déplaire. «Ça va être en continuité avec ce niveau-là», assure la jeune femme originaire de Rosemont, en entrevue avec La Presse. «Cette attitude de la part de Léo vient sûrement de sa personnalité, mais aussi de l'institution qu'est la Fédération.»

Mais Éliane Laberge a aussi ses moments de rébellion.

Après la ronde de négociations du début du mois de mai, lorsqu'elle est élue présidente, mais qu'elle n'est pas encore en fonction, elle pique une sainte colère et reproche directement à Léo Bureau-Blouin d'avoir signé une entente de principe qu'elle considère comme «floue» et impossible à faire accepter dans son propre cégep. «Depuis ce temps, elle est impliquée dans toutes les décisions», explique une source interne.

Même si elle peut se montrer indépendante par rapport à son prédécesseur, la cégépienne se tient toutefois bien loin d'une frange plus radicale et très critique du travail du président sortant.

Sa première décision officielle en tant que leader étudiante reflète d'ailleurs cette modération. Éliane Laberge a rapidement communiqué avec le bureau de la ministre Michelle Courchesne afin de tenter de reprendre les négociations. Et elle met de l'avant l'intervention d'un conciliateur externe au conflit comme solution possible à la crise sociale qui a cours.

Une militante née avec le conflit

Âgée de 19 ans, Éliane Laberge s'engage dans le mouvement étudiant depuis l'année dernière. C'est l'annonce de la hausse des droits de scolarité par le ministre Raymond Bachand qui l'a amenée à s'engager, raconte-t-elle. Rapidement, elle lance une pétition dans les murs de son cégep, le collège de Rosemont, pour exprimer son opposition à la décision du gouvernement.

Pendant toute la grève étudiante, la militante était responsable des relations externes de son association étudiante, et fréquentait avec assiduité les congrès au cours desquels les grandes orientations des semaines suivantes ont été adoptées. La jeune femme à l'allure de première de classe a décidé de faire le grand saut «au national» au cours de l'hiver.

«C'était une suite logique de continuer mon implication, parce que j'avais toujours cette volonté d'améliorer la condition des étudiants au quotidien», assure-t-elle.

Quant aux problèmes de désaffiliations qui touchent la FECQ, Éliane Laberge jure ne pas trop s'en faire avec l'avenir de son organisation.

Un tiers des cégeps membres de la FECQ ont au moins entamé un processus de désaffiliation. Trois collèges ne se considèrent plus comme membres de la fédération, même si celle-ci continue à les inclure dans ses membres.

Comme son prédécesseur, elle affirme que l'association étudiante a refusé de profiter du climat de crise pour recruter de nouveaux membres. D'autres «ont fait d'autres choix», explique-t-elle.

«Dans une crise comme celle-là, c'est normal de se poser des questions et de se demander ce qu'on veut pour notre cégep au cours des années à venir, affirme-t-elle. Utiliser un processus démocratique pour réfléchir, ce n'est jamais une mauvaise chose.»