Une manifestation étudiante qui s'annonçait comme une «méga manif/action de perturbation économique» au centre-ville de Montréal a été rapidement réprimée à grand renfort de gaz irritant, ce jeudi matin par les policiers du groupe d'intervention.

L'action baptisée «Shutdown centre-ville» laissait présager les pires perturbations.

En tout, c'est entre 150 et 200 manifestants qui se sont rassemblés au square Philips.

> En photos «Shutdown centre-ville»

Vers 7h50, le groupe s'est mis en marche. Un plus petit groupe s'est dirigé rapidement vers le 1010 rue Sherbrooke Ouest où ils ont bloqué les accès de la tour CIBC, dans laquelle se trouvent notamment les bureaux du Conseil du patronat du Québec, de l'Institut économique de Montréal et de la Jeune chambre de commerce de Montréal. Ils bloquaient aussi l'entrée de l'hôtel Omni voisin.

Pendant ce temps, un groupe plus volumineux a déambulé dans les rues du centre-ville, dont plusieurs porteurs de masques, foulards ou lunettes de protection. Des drapeaux noirs flottaient aussi au-dessus de la foule.

Vers 8h30, ils ont rejoint l'autre groupe sur la rue Sherbrooke.

L'occupation du 1010 Sherbrooke n'a pas été tolérée longtemps par les policiers qui ont rapidement décrété la manifestation illégale et demandé aux protestataires de se disperser.

Pour le SPVM, la manifestation était illégale notamment en raison de méfaits qui ont été commis par des manifestants. Des ballons contenant de la peinture rouge ont notamment été lancés sur des voitures de police.

Les manifestants ont en majorité choisi de rester sur place malgré l'avertissement. Et les coups de matraques et jets de gaz irritant CS du groupe d'intervention n'ont pas tardé à fuser. Le groupe a rapidement été repoussé vers la rue Metcalfe. Certains étudiants, et même des professeurs qui les appuient, ont été aveuglés par le gaz.

«On vous avait avertis. Mais il paraît qu'il faut que vous ayez mal pour la cause», leur a lancé un policier posté en deuxième ligne, derrière les manifestants.

Par petites courses rythmées par les coups de matraque sur leurs boucliers, les policiers ont réussi à disperser les manifestants vers le sud sur Metcalfe. Chemin faisant, des protestataires ont enguirlandé et insulté des travailleurs attendant de pouvoir entrer dans la tour du 1010 Sherbrooke, et des conducteurs de voitures de luxe. Ils ont aussi déplacé le mobilier extérieur de certains restaurants et jeté dans la rue des sacs d'ordures.

Deux d'entre eux ont été arrêtés, dont un en cours de manifestation pour méfait.

Une courte manifestation a suivi, dans le secteur de l'Université de Montréal, dans le plus grand calme. Puis en début d'après-midi, près de 200 étudiants y sont allés d'une marche symbolique dans les rues du centre-ville et du Vieux-Montréal.

Tout au long de leur parcours, ils ont tenu des «die-in» ou plutôt, une simulation de décès subit de tout le groupe. On voulait ainsi dénoncer «l'asphyxie» des étudiants causée par le gouvernement qui refuse de les écouter, stipulait l'invitation. Ainsi, sur le boulevard René-Lévesque, sur la rue de la Commune et devant le Palais de justice, les étudiants se sont subitement effondrés sur la chaussée où ils faisaient les morts pendant cinq minutes avant de repartir.  

Et à 15h30, des professeurs contre la hausse des droits de scolarité se rendent au quartier général du SPVM, rue Saint-Urbain, pour se livrer. Ils veulent ainsi symboliquement démontrer qu'ils sont contre toute injonction les forçant à enseigner malgré des votes de grèves. Si les institutions dans lesquelles ils enseignent en venaient à imposer pareille consigne, ils refuseraient d'obtempérer. Ce pourquoi ils se livrent aux policiers «préventivement».