Pour la deuxième journée consécutive, les étudiants contre la hausse des droits de scolarité ont forcé le Collège de Valleyfield à lever, en ce vendredi matin, les cours dont elle avait décrété la reprise pour jeudi.

Guy Laperrière, directeur de ce cégep qui a été le premier à voter pour la grève, avait annoncé plus tôt cette semaine que les cours devaient reprendre même si la grève a été approuvée par la majorité d'étudiants lors de votes secrets. Seul le premier vote a été fait à main levée, et la grève ne l'a emporté que par 12 voix de majorité.

Jeudi, près d'un millier d'étudiants, locaux et d'ailleurs, appuyés par des professeurs et des syndicalistes, avaient obtenu la levée des cours. Mais ils souhaitaient la levée jusqu'à lundi, jour de la prochaine assemblée générale, où la reconduction de la grève sera débattue. Ils accusent leur directeur de ne pas respecter la démocratie.

Ce matin, ils étaient moins nombreux - environ 400 -, mais toujours appuyés par des professeurs, des syndicalistes et des étudiants d'autres régions.

Un groupe de grévistes du cégep de Mont-Laurier, dans les Hautes-Laurentides, a même fait des heures de route la nuit dernière pour être sur place à l'aube. Des membres de la direction aussi sont arrivés très tôt, avant la majorité des manifestants. Ils sont entrés sous les protestations des étudiants qui étaient déjà présents.

Une centaine d'élèves favorables à la hausse des droits de scolarité, arborant le carré vert, étaient aussi sur place, en retrait.

«Nous avons une entente avec les rouges aujourd'hui, a expliqué l'une d'entre eux. Nous ne franchirons pas les piquets de grève. S'ils ne bougent pas, on ne forcera pas pour entrer. Et eux, en contrepartie, ne nous insulteront pas, ne nous traiteront pas de scabs.»

Les verts déplorent qu'il n'y ait que quelques dizaines d'élèves du cégep de Valleyfield parmi les rouges qui en bloquent l'entrée. Des élèves du secondaire, qui sont en congé aujourd'hui dans la région, des profs et autres syndicalistes grossissent leurs rangs.

Avant de décréter la levée des cours, la direction du cégep a tenté de négocier avec les élèves.

«Ils voulaient qu'on s'engage à tenir le vote par omnivox (le système intranet de l'école) lundi pour lever les cours. On ne peut négocier ça aujourd'hui, car le mode de vote ne peut que se décider en assemblée générale. On ne peut, en petit groupe aujourd'hui, décider pour tout le monde. L'assemblée est souveraine», a expliqué le président de l'association étudiante locale, Justin Arcand.

Peu de temps après, la levée des cours a été décrétée. L'assemblée générale est prévue lundi à 8h.