Si la ministre de l'Éducation a semblé durcir le ton mercredi, plusieurs étudiants font de même. Une série d'actions de «perturbation» a eu lieu à Montréal, des occupations d'immeubles sont annoncées et une association de l'UQAM votera bientôt sur l'idée de prolonger la grève jusqu'au 4 septembre.

«On manifeste pacifiquement, on fait des actions de perturbation, mais toujours rien. Mettons la barre un peu plus haut! Occupons! Montrons ainsi que le mouvement ne s'épuise pas et que nous sommes même plus forts et plus unis qu'avant!», écrit sur Facebook un groupe qui se fait appeler «l'Ordre du carré rouge».

Le groupe, qui a récemment organisé le blocage du Port de Montréal, estime que les représentants étudiants officiels sont trop modérés. Il annonce au moins une occupation dans les jours à venir. Mercredi, il a réussi à mobiliser quelques centaines de protestataires grâce aux médias sociaux.

Ils ont tenté de prendre d'assaut la Grande Bibliothèque, dont les portes étaient toutefois verrouillées. Ils ont ensuite tenté d'envahir différents lieux du centre-ville, dont le Complexe Desjardins, le Centre de commerce mondial, la Tour TELUS, le campus de l'Université McGill et le magasin La Baie. Les policiers se sont chaque fois précipités avant leur arrivée pour dire aux commerçants de fermer leurs portes.

Gaz et matraques

Plus tôt, à l'heure de pointe, des manifestants avaient bloqué les entrées des tours Bell et de la Banque Nationale. De nombreux employés désireux d'entrer au travail se sont mêlés à la foule étudiante, ce qui a donné lieu à quelques altercations. «C'est ridicule, ça sert à quoi? Moi, je ne peux rien faire. J'ai aussi des dettes, des factures à payer», a lancé David Nayer, employé de Raymond Chabot Grant Thornton.

Il a fallu plus d'une tentative aux policiers pour dégager les accès aux bureaux, à coups de matraque et à grand renfort de gaz irritant. Un manifestant a été évacué par Urgences-santé après s'être blessé à une jambe lors de la dispersion de la rue University. Une personne a été arrêtée pour voies de fait sur un policier.

Un «Marathon de manifestations» plus paisibles, constitué de 12 marches successives dans les rues de la métropole, a aussi eu lieu. Un autre groupe a bloqué brièvement le pont Viau entre Laval et Montréal avant de s'élancer dans les rues du nord de la ville. En fin d'après-midi, des manifestants ont déterminé leur trajet en faisant tourner une roulette à chaque intersection pour décider au hasard de leur direction. Au moment de mettre sous presse, aucun méfait n'avait été signalé au cours de cette journée agitée.

Grève jusqu'en septembre?

Dans les campus, certains étudiants sont rentrés en classe, mais d'autres maintiennent la ligne dure. Des associations qui regroupent 85 000 jeunes ont cessé de renouveler leur mandat de grève chaque semaine et résolu de boycotter les cours jusqu'à ce que le gouvernement cède sur certains enjeux.

Les quelque 5000 membres de l'Association facultaire des étudiants en sciences humaines de l'UQAM voteront même lundi sur la proposition de prolonger la grève jusqu'au 4 septembre ou jusqu'à un recul du gouvernement. Tous les membres de l'association ont reçu la proposition en prévision de l'assemblée. L'idée n'émane toutefois pas du bureau de l'association.

Pendant ce temps, à Longueuil, des élèves du collège Édouard-Montpetit continuent de se relayer pour jeûner dans le cadre de ce qu'ils appellent une «grève de la faim à relais».