Les étudiants avaient promis une journée de grande perturbation aujourd'hui à Montréal; ils ont tenu parole. Quelques centaines de protestataires ont bloqué tôt ce matin les entrées des tours Bell et de la Banque Nationale, avant le lancement d'une série d'actions-éclairs partout en ville.

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Les manifestants se sont d'abord postés aux différentes entrées des édifices sur l'avenue Viger, rue De La Gauchetière et dans la côte du Beaver Hall.

De nombreux employés désireux d'entrer au travail s'étaient d'ailleurs mêlés à la foule étudiante, ce qui a donné lieu à quelques altercations.

Vers 8 h 25, munis d'un avis d'éviction, les policiers ont avisé les manifestants qu'ils étaient désormais dans l'illégalité et qu'ils devaient se disperser, faute de quoi on les y obligerait.

Vers 8 h 45, les agents du poste de quartier et du groupe d'intervention ont entrepris de dégager les entrées des deux édifices.

Il leur a fallu plus d'une tentative, mais, peu avant 9 h, les policiers avaient repoussé les manifestants à la Banque Nationale. Des gaz irritants CS ont été utilisés, et un manifestant a été évacué par Urgence Santé. Il a été blessé à la jambe lors de la dispersion dans la rue University.

Un manifestant a été arrêté pour voies de fait sur un policier.

Douze marches en douze heures

Pas moins de 12 marches étaient prévues dans ce secteur aujourd'hui. Ce «Marathon de manifestations», organisé par Le Fil rouge, groupe composé d'étudiants de l'UQAM, avait pour point de départ le square Victoria.

À 9 h, une autre action, qui visait l'occupation d'un bâtiment encore non identifié, était prévue. Celle-ci était organisée par l'Ordre du carré rouge, un groupe plus radical dont les membres trouvent les actions étudiantes trop délicates.

Le point de rendez-vous était le square Saint-Louis. Une centaine de protestataires qui avaient quitté la Banque Nationale s'y sont rendus, et les étudiants se sont ensuite divisés en trois groupes pour se diriger vers leur cible.

Le groupe s'est élancé vers la Grande Bibliothèque, dont les portes étaient toutefois verrouillées. Les protestataires ont ensuite envahi le Complexe Desjardins, où ils ont bloqué brièvement une succursale de Desjardins.

Ils ont tenté de reproduire l'expérience peu après au siège social de Quebecor, en bordure du Square Victoria, mais trois policiers à vélo leur ont bloqué l'accès in extremis.

S'en est suivi une série de sauts de puce en différents lieux du centre-ville, dont le Centre du commerce mondial, la Tour Telus, le campus de l'Université McGill. D'autres marches étaient au programme jusqu'à la fin de la journée dans le cadre du «Marathon de manifestations».

Un autre groupe a par ailleurs bloqué le pont Viau entre Laval et Montréal pendant un moment, avant de prendre d'assaut les rues du nord de la ville.

Pendant ce temps, à Longueuil, des étudiants du collège Édouard-Montpetit continuent de se relayer pour jeûner dans ce qu'ils appellent une «grève de la faim à relais».

Des leaders étudiants, dont les deux porte-parole de la CLASSE, devaient prendre la parole à l'Université Concordia ce matin pour dénoncer l'attitude de l'établissement vis-à-vis de la grève.

Une conférence préparatoire a aussi lieu à la cour municipale de Montréal en ce qui a trait aux contraventions distribuées le 15 mars dernier à l'occasion de la manifestation contre la brutalité policière.

L'Association canadienne des libertés civiles et le comité juridique de la CLASSE entendent y assister, car, selon eux, les mêmes contraventions sont données lors des actions du mouvement étudiant.

« Le droit de manifester paisiblement doit être protégé par tous les acteurs publics. Il existe une obligation positive de protéger et de faciliter l'exercice de ce droit », a affirmé Nathalie Des Rosiers, au nom de l'Association canadienne des libertés civiles.