Un autre rassemblement d'étudiants, celui-ci organisé par la CLASSE et par le cégep du Vieux-Montréal, se déplace dans les rues du centre-ville depuis 14 h.

Les élèves de cet établissement, qui ont voté un mandat de reconduction de grève jusqu'à la gratuité des droits de scolarité, souhaitent que la grève «aille jusqu'au bout».

Ils sont plus de 300 personnes et leur itinéraire n'est pas connu. Au coin de Saint-Laurent et de Marie-Anne, ils ont déroulé une grande banderole et une étudiante s'est adressée à la foule pour critiquer le travail des deux fédérations.

Plus tôt ce matin, à 10 h, près de 300 étudiants ont bloqué pendant plus d'une heure une entrée du port de Montréal, rue Notre-Dame. Ils ont ensuite marché et se sont arrêtés au coin des rues Notre-Dame et Viau. Une cinquantaine de manifestants ont déambulé un moment sur la voie ferrée dans le port de Montréal. La police est aussitôt intervenue et a lancé des gaz irritants sur la foule.

Le groupe d'étudiants a ensuite repris sa route dans les rues d'Hochelaga-Maisonneuve, sans itinéraire précis.

Ce coup d'éclat a été organisé par la CLASSE, un des regroupements d'étudiants en grève. C'est la deuxième fois que le groupe bloque les installations du port en une semaine. La circulation a aussi été bloquée dans la rue Notre-Dame.



Coincé au milieu du groupe, Richard Choquette, camionneur de la firme Sucre Lantic, prenait la chose avec philosophie: «Ils sont gentils. On a beaucoup parlé. Ça me rappelle quand j'étais jeune.»

La manifestation avait commencé peu avant 10 h au cégep Maisonneuve. Les étudiants avaient marché dans les rues du quartier Hochelaga-Maisonneuve avant d'arriver au port.

Le groupe, muni d'une banderole rouge contre la hausse des droits de scolarité, a bloqué notamment le boulevard Pie-IX.

Rappelons que, hier mardi, Jean Charest a évoqué timidement la possibilité de bonifier une fois de plus le programme de prêts et bourses.

«C'est le signe que la grève commence à porter ses fruits, dit Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE. Les étudiants doivent donc continuer à mettre de la pression sur le gouvernement. On ne lâchera pas.»

En matinée, des étudiants ont également manifesté devant le siège social d'Hydro-Québec et la Tour de la Bourse au centre-ville de Montréal.

Devant la permanence du PLQ

Un petit groupe de manifestants bloque aussi l'accès à la permanence du Parti libéral du Québec, dans le secteur de la Petite-Italie, à Montréal, et empêche les employés d'entrer au travail.

Un peu moins d'une centaine de protestataires occupent toutes les entrées de l'édifice, rue Waverly, et un groupe est juché sur le toit, où une grande banderole «Non à la hausse» a été déroulée.

«Gouvernement corrompu, les étudiants dans la rue», crient les manifestants, issus principalement des cégeps Rosemont, Ahuntsic et Montmorency.

Le froid, la pluie, la neige et la grêle ne semblent pas avoir freiné leurs ardeurs.

Devant les caméras de télévision, ils ont aussi scandé «Pas contents! Pas contents!» avec dérision.

«On a dit clairement qu'on allait cibler les libéraux cette semaine. Nous allons rester ici jusqu'à une intervention policière ou jusqu'à ce que les libéraux partent», explique Alexandre Goyer, porte-parole du groupe.

Pour l'instant, les policiers observent le tout à bonne distance, aux côtés des employés du PLQ.

«On savait que ça allait arriver, car on avait vu des dirigeants du mouvement étudiant venir en reconnaissance et prendre des photos. C'est correct, ça va aller. Ce qui est plus inquiétant, c'est leur annonce selon laquelle ils vont cibler les donateurs du parti chez eux. Est-ce qu'on veut interdire aux citoyens d'être libéraux?» s'interroge Michel Rochette, porte-parole du parti.

À quelques pas de là, des partisans des étudiants ont déroulé de grands carrés rouges devant un immeuble de la rue Jean-Talon.

L'action a attiré l'attention de plusieurs passants sur l'édifice anonyme de la rue Waverly. Certains se sont montrés très étonnés d'apprendre qu'il abritait le quartier général montréalais du PLQ.

«Eh bien! Ils n'ont pas mis une grosse affiche sur la porte pour s'annoncer!» a lancé l'un d'eux.

Le SPVM a averti les représentants du PLQ que, par mesure de sécurité, il faudra absolument s'assurer que tous les étudiants sont descendus du toit avant de laisser les employés intégrer leurs bureaux.

Ailleurs au Québec

D'autres manifestations ont également eu lieu ailleurs au Québec. À Québec, des étudiants de l'Université Laval ont manifesté ce matin devant la résidence officielle du premier ministre du Québec, Jean Charest, à l'édifice Price.

À Sherbrooke, des étudiants de l'endroit ont tenu un procès symbolique de Jean Charest.