Au lendemain de la grande manifestation qui a réuni des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Montréal, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, brandit la menace de session perturbée pour les étudiants.

En entrevue à La Presse, Mme Beauchamp a indiqué qu'il n'est pas possible de déterminer à partir de quel moment des sessions pourraient carrément être annulées en raison de la grève générale illimitée des étudiants.

«On ne peut décréter une date, un moment. La situation est variable d'établissement en établissement, selon le vote de boycott», a-t-elle déclaré.

En revanche, alors que plusieurs associations doivent se réunir au cours des prochains jours pour discuter de la suite des choses, à savoir si le vote de grève sera reconduit ou non, la ministre brandit la menace de «perturbation possible des sessions».

Certaines associations sont en grève depuis cinq semaines. La fin des cours prévue au calendrier régulier approche dangereusement.

En fin de compte, ce sont les étudiants qui seront les plus pénalisés, a rappelé Mme Beauchamp.

«Quand on parle de prolongement de session, ça veut dire moins de revenus, ça peut vouloir dire des reprises de cours de soir. On rentre dans un moment où les votes qui se prennent sont très importants.»

Jeudi, au terme de la manifestation qui a déferlé dans les rues de Montréal, les organisations étudiantes ont appelé leurs pairs à une mobilisation encore plus forte contre la hausse des droits de scolarité.

Dans la rue, les nombreux manifestants ont reçu l'appui de groupes sociaux, de syndicats, d'élus et de citoyens en général, de jeunes familles comme de retraités.

Les images où le rouge prédominait, montrant les kilomètres de marcheurs qui scandaient des slogans, sont éloquentes.

La ministre a d'ailleurs reconnu l'ampleur de la mobilisation. Hier, dans le cadre de la manifestation nationale, c'est 300 000 étudiants et cégépiens qui avaient décrété une levée de cours. En date d'aujourd'hui, quelque 240 000 sont en grève générale illimitée.

«Bien sûr, j'ai constaté comme vous que la mobilisation d'hier (jeudi) était importante. Je suis très satisfaite que le message ait été entendu à savoir qu'une manifestation pouvait ne pas se transformer en confrontation.»

Mais le discours du gouvernement ne change pas. Il n'est pas question de s'asseoir avec les étudiants pour initier un dialogue.

Les organisations étudiantes prônent soit la gratuité scolaire, soit le gel des droits de scolarité. Les étudiants refusent de parler de leur contribution, mais veulent dire au gouvernement qui peut contribuer davantage dans la société, a fait valoir Mme Beauchamp.

Le bras de fer semble donc vouloir se poursuivre. De leur côté, les étudiants promettent en effet une mobilisation encore plus grande, avec davantage d'activités de perturbation au cours des prochains jours.