Les étudiants font monter la pression, à quelques jours d'un rassemblement d'envergure à Montréal. La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a même annulé une conférence de presse prévue hier dans une école secondaire, craignant la présence de manifestants.

La ministre devait participer à une conférence de presse à l'école secondaire Henri-Bourassa, située dans sa circonscription de Montréal-Nord, afin d'annoncer les détails d'un concours pour lutter contre l'intimidation. À la dernière minute, l'événement a été annulé.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs étudiants avaient fait part de leur intention d'aller manifester devant l'école, a expliqué Hélène Sauvageau, l'attachée de presse de la ministre.

Il y avait une crainte que les élèves du secondaire soient «perturbés» par cette action, a-t-elle indiqué. «La priorité de la ministre était que les jeunes puissent suivre leurs cours en toute quiétude.»

Face à ce revirement, les étudiants ont changé de cible. Quelques dizaines d'entre eux se sont réunis devant les bureaux de Google, à Montréal, où le premier ministre Jean Charest était invité à prononcer une allocution.

Plusieurs actions et rassemblements sont prévus cette semaine et culmineront jeudi avec une manifestation d'envergure dans les rues de Montréal.  Les organisations étudiantes espèrent attirer encore davantage de participants qu'à la manifestation du 10 novembre dernier, qui avait réuni 30 000 personnes, selon leur estimation.

Écoles secondaires

Au cours des derniers jours, les étudiants ont tenté de rallier les élèves du secondaire à leur cause. Des tracts et des journaux faisant la promotion de la grève, avec des arguments dénonçant la hausse des droits de scolarité, ont été distribués aux élèves.

Hier, après l'école secondaire Paul-Gérin-Lajoie, les élèves de l'école secondaire de la Pointe-aux-Trembles ont d'ailleurs voté majoritairement pour une levée des cours jeudi afin de participer à la grande manifestation étudiante.

De son côté, le gouvernement Charest campe toujours sur ses positions. De passage à l'émission Tout le monde en parle, dimanche, la ministre de l'Éducation a réitéré qu'il n'est pas question de négocier avec les étudiants.

En septembre 2010, un petit groupe d'étudiants, avec à sa tête le porte-parole de la Coalition élargie pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois, a occupé les bureaux de la ministre, à Montréal-Nord. Un souvenir toujours amer.

«D'un point de vue personnel, je trouve ça difficile de me demander de le rencontrer après de tels agissements», a déclaré Mme Beauchamp.

En entrevue à La Presse, le porte-parole de la CLASSE a rétorqué en estimant cette attitude «faible et insultante». «La ministre de l'Éducation a actuellement sur les bras ce qu'on peut qualifier de plus grande grève étudiante de toute l'histoire du Québec et la seule excuse qu'elle trouve pour justifier son attitude de fermeture au dialogue, c'est un événement anecdotique qui date d'un an et demi», a déclaré M. Nadeau-Dubois.

Le mouvement compte plus de 220 000 étudiants en grève. Les étudiants en médecine de l'Université de Montréal sont d'ailleurs en grève à compter d'aujourd'hui, une position qui doit être réévaluée tous les trois jours.

Dissensions

Mais la grève suscite des dissensions au sein même des groupes d'étudiants. La semaine dernière, la grève a été votée par seulement 48 voix à l'Université du Québec à Trois-Rivières.

Craignant pour la sécurité du personnel, des professeurs et des étudiants, l'administration a fermé le campus pour deux jours avant de reprendre les activités régulières. Mécontents, des étudiants en grève ont organisé des piquets de grève et une tournée des classes hier matin pour interrompre les cours.

À l'Université du Québec à Rimouski, la direction a de son côté suspendu les cours jusqu'à nouvel ordre, le 13 mars dernier, en raison du vote pour la grève des étudiants.