Le mécontentement suscité par la hausse des droits de scolarité a monté d'un cran, mardi, avec l'entrée en grève générale illimitée de 11 000 étudiants. Le mouvement risque de prendre de l'ampleur puisque la majorité des cégépiens et des étudiants du Québec aura à voter sur la question au cours des prochaines semaines.

En tout, 10 000 étudiants de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) des facultés des arts, des sciences humaines et de science politique et de droit ont commencé leur débrayage mardi. Un millier d'étudiants de l'Université Laval ont grossi leurs rangs. Douze autres associations étudiantes du Québec, qui regroupent environ 10 000 membres, détiennent par ailleurs un mandat de grève générale illimitée qu'ils comptent exercer lundi prochain si le gouvernement ne recule pas sur sa décision de hausser les droits de scolarité.

Ces 21 000 cégépiens et étudiants sont affiliés à la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), qui regroupe 70 000 membres dans les universités et cégeps.

La grande majorité des membres des deux plus importantes associations étudiantes, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ, 125 000 membres) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ, 80 000 membres), aura aussi à se prononcer sur la tenue de grèves de différentes envergures. Contrairement à la CLASSE, qui encourage ses membres à voter pour la grève, il n'y a pas de mot d'ordre à la FEUQ et à la FECQ.

Cependant, les trois associations s'opposent farouchement au plus récent budget du ministre Bachand, qui prévoit des hausses des droits de scolarité de 325$ par année à partir de l'année scolaire 2012-2013, et ce, jusqu'en 2016-2017. Actuellement, un étudiant débourse 2415$ pour une année universitaire à temps plein. En 2016-2017, les droits atteindront 3793$.

«On est contents de voir que la FEUQ et la FECQ parlent de grève, mais on attend qu'ils passent de la parole aux actes en se joignant à notre grève. On espère qu'ils vont le faire le plus rapidement possible. Comme c'est arrivé dans le passé, une fois que le mouvement va prendre de l'ampleur, quand les gens sur les campus vont voir les manifestations, les actions et les votes de grève extrêmement forts tomber les uns après les autres, je pense que le mouvement risque de se répandre assez rapidement. Ça ne serait pas du tout étonnant qu'on atteigne un sommet dès le début du mois de mars», a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE.

Ce dernier estime que le nombre d'élèves et étudiants en grève pourrait facilement tripler d'ici à la semaine prochaine, notamment avec le vote des élèves du cégep du Vieux Montréal et du cégep Saint-Laurent cette semaine.

«Ça fait des mois que la ministre Beauchamp est muette. Ça fait des mois qu'elle fait comme s'il n'y avait pas de problème en éducation. S'il y a encore une ministre de l'Éducation au Québec, elle doit maintenant se rendre à l'évidence, elle a un problème et ce problème-là s'appelle le mouvement étudiant. Si elle ne règle pas ce problème-là dans les prochaines semaines, les prochains jours, le système d'éducation risque d'être sérieusement paralysé.»

«Les associations étudiantes qui sont entrées en grève plus tôt que certains s'y attendaient le font car elles veulent servir de tremplin, d'impulsion pour permettre aux autres associations où le vote se fait plus hésitant d'entrer en grève», a ajouté Camille Toffoli, porte-parole des associations étudiantes de l'UQAM.

Martine Desjardins, présidente de la FEUQ, estime qu'il revient aux membres de se prononcer sur les moyens de pression et non au comité de direction national d'imposer une ligne directrice. Elle a affirmé que la plupart des associations étudiantes affiliées à la FEUQ devraient tenir des assemblées générales dans les prochaines semaines. Elle a cependant précisé que certaines facultés pourraient décider de se prononcer sur la tenue d'une grève d'une seule journée ou de quelques jours plutôt que sur une grève générale illimitée. Certaines associations ont d'ailleurs déjà voté pour la tenue d'une journée de grève le 22 mars prochain. «Chaque association est libre de décider de ses moyens de pression», a-t-elle résumé.

De son côté, Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ, a indiqué que les élèves du collège de Rosemont (3000 élèves), des cégeps de Jonquière (3500 élèves), de Victoriaville (1500 élèves) et de Saint-Félicien (1000 élèves) vont se prononcer sur la grève générale illimitée la semaine prochaine. La semaine suivante, les cégépiens de cinq autres institutions vont voter. Fait à noter, les élèves du cégep de Sherbrooke ont voté contre la grève il y a quelques semaines.

«Le message que l'on veut envoyer, c'est que si nos membres votent pour une grève, nous sommes prêts à les soutenir, mais on ne va pas la leur enfoncer dans la gorge, a expliqué Léo Bureau-Blouin. La grève générale illimitée est un moyen de pression très efficace, mais qui nécessite des sacrifices de la part des étudiants. Nous voulons que tout soit fait démocratiquement selon les règles de l'art.»

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Les associations étudiantes au Québec

CLASSE (Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante).

70 000 membres dans les universités et cégeps.

Coalition temporaire dont le noyau dur est formé par l'ASSÉ (Association pour une solidarité syndicale étudiante).

FEUQ

(Fédération étudiante universitaire du Québec)

125 000 étudiants dans 15 associations membres, dont la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal, la Concordia Student Union, la Fédération étudiante de l'Université de Sherbrooke.

Créée à la suite au dégel des droits de scolarité de 1989

FECQ

(Fédération étudiante collégiale du Québec)

80 000 membres dans 22 des 48 cégeps publics du Québec. Créée en 1990.

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Actions à venir

DEMAIN

Les membres de la CLASSE et des représentants de 130 organismes syndicaux et communautaires bloqueront l'entrée du Centre de commerce mondial à Montréal, qui abrite le bureau du ministre des Finances.

23 février

Manifestation à Montréal.

1er mars

Manifestation à Québec devant le parlement.