L'implantation, en septembre 2012, de l'enseignement de l'anglais intensif en 6e année au Québec est compromise.

Les deux plus importants syndicats de l'enseignement ont annoncé mercredi leur retrait des discussions menées par le ministère de l'Éducation à ce sujet et au moins une commission scolaire annonce le gel de l'implantation de cette mesure pour la prochaine année scolaire.

Le projet d'anglais intensif, que Québec voudrait étendre à toutes les classes de 6e année d'ici 2015-2016, propose d'offrir l'enseignement de l'anglais aux élèves durant la moitié de l'année scolaire et de comprimer le reste de la matière sur l'autre moitié du calendrier.

La Commission scolaire de la Capitale (CSC) prévoyait jusqu'à tout récemment implanter le programme d'anglais intensif dès cet automne dans 19 écoles, soit près de la moitié de ses 80 classes de 6e année. Toutefois, le projet a été mis sur la glace pour au moins un an à la suite d'une rencontre avec des enseignants, le 23 janvier.

Côté syndical, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) et la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSQ-CSQ), estiment toutes deux que le projet est mal ficelé, mal préparé et, surtout, s'opposent à une implantation mur à mur.

Le président de la FAE, Pierre St-Germain, fait valoir que le projet représente un risque sévère pour les élèves en difficulté d'apprentissage qui ont déjà du mal à réussir leur année scolaire lorsque la matière est répartie sur dix mois. Selon lui, le fait de les forcer à assimiler la même matière sur cinq mois ne fera que les placer en situation d'échec.

Par ailleurs, la FAE affirme que les élèves issus de l'immigration, dont plusieurs maîtrisent peu ou pas le français, seront privés d'une longue période d'apprentissage de la langue, ce qui risque de nuire à leur intégration en français.

Enfin, M. St-Germain souligne que de nombreux élèves maîtrisent déjà bien l'anglais et se retrouveront durant cinq mois dans un environnement éducatif où ils n'apprendront pas grand-chose.

Quant à la FSE, celle-ci demande au ministère de mettre un frein à cette implantation dont elle dénonce aussi le caractère universel.

Sa présidente, Manon Bernard, dénonce le manque d'analyse ayant précédé la mise en oeuvre. Bien qu'elle se dise favorable à une meilleure maîtrise de l'anglais, elle estime que l'approche mur à mur n'est ni réaliste, ni souhaitable, particulièrement pour les élèves en difficulté d'apprentissage.