Au lendemain de la grande manifestation contre la hausse des frais de scolarité, Québec a payé pour acheter les noms des principales associations étudiantes et certaines expressions comme «grève étudiante» sur le moteur de recherche Google, afin de promouvoir le point de vue gouvernemental.

Plusieurs internautes qui recherchaient dans Google les acronymes de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ou de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) ont vu apparaître une publicité pour le site gouvernemental www.droitsdescolarite.com.

Même résultat pour les expressions «grève étudiante» ou «manifestation étudiante».

Sous le titre «L'université demeure accessible», le site annoncé propose d'apprendre aux lecteurs «pourquoi une hausse est nécessaire pour continuer à assurer la qualité de l'enseignement et garantir la valeur des diplômes universitaires».

Les associations étudiantes qui combattent la hausse sont outrées que leur nom ait été utilisé à cette fin.

Mais Dave Leclerc, porte-parole de la ministre de l'Éducation, affirme que ce plan de communication était une recommandation du Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études, sur lequel siégeaient sept représentants étudiants sur 19 membres.

«On s'est dit que la meilleure façon de joindre la clientèle c'était par un microsite qui répond aux questions. C'est beaucoup moins cher qu'une publicité à la télévision, d'ailleurs», explique M. Leclerc.

«Je sais que les associations étudiantes vont dire que c'est de la propagande, mais ça n'en est pas! C'est une recommandation du comité», dit-il. Le gouvernement a confié à l'agence de publicité Cossette le mandat de réaliser le site et d'en faire la promotion, à un coût total de 50 000$. Ce forfait inclut l'achat des mots clés à Google.

«Ce que recommandait le comité, c'était de faire la promotion de l'importance de l'éducation et du programme prêts et bourses. Pas d'utiliser ça à des fins partisanes!» rétorque Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ.

Selon lui, cette campagne montre que la mobilisation étudiante inquiète le gouvernement. «Ils utilisent la crédibilité des associations étudiantes en achetant leurs acronymes pour mousser leur campagne. C'est une stratégie douteuse», dit-il.

Google permet à quiconque d'acheter de tels mots clés ou expressions pour diffuser de sa publicité aux internautes. Il est permis d'acheter le nom d'une entreprise ou d'une organisation rivale, mais il n'est pas permis d'utiliser son nom dans la publicité que l'on souhaite diffuser ensuite.

Une recherche effectuée par La Presse démontre que l'achat des mots clés a été peu coûteux. Google fixe le prix des mots clés selon leur popularité et le nombre de personnes qui souhaitent l'acheter. L'annonceur paye ensuite chaque fois qu'un internaute clique sur sa publicité.

L'expression FEUQ, recherchée en moyenne 1000 fois par mois sur Google Canada, est vendue à environ 10 sous par clic. FECQ, avec 720 recherches par mois, coûte le même tarif.

Pour ASSÉ, un nom recherché 18 000 fois par mois au Canada (et qui a d'autres usages qu'un regroupement étudiant), le prix est plus élevé, à environ 79 sous par clic.

L'expression «Association étudiante», avec 2400 recherches par mois en moyenne au Canada, est plus dispendieuse, avec un tarif approximatif de 1,21$ par clic.